Le soleil se couchait doucement sur la ville. La fête du mariage de Haruto et Yui s’était terminée il y a quelques jours. Des rires, des vœux, des promesses… tout le monde semblait comblé.
Tout le monde, sauf Yochi.
Assis sur le banc du terrain de foot désert, les mains dans les poches, il fixait le ciel en silence. Son regard vide, habituel, mais ce soir-là, quelque chose clochait.
*Takumi (hors-champ)* :
— T’étais pas censé venir avec nous à l’entraînement des petits ? On t’a attendu.
*Yochi* (sans le regarder) :
— Pas d’humeur.
*Takumi* (s’approche, s’assied à côté de lui) :
— Tu penses encore à elle ?
*Yochi* :
— Je pense à moi. C’est pire.
Un silence s’installe. Takumi observe le visage de son ami, fatigué, froid.
*Takumi* :
— Tu sais… tu fais semblant d’aller bien, mais tu fuis.
*Yochi (ironique)* :
— J’ai jamais prétendu aller bien. J’ai juste jamais prétendu exister.
Takumi soupire. Il sort une petite photo de groupe prise au mariage. Yochi au fond, à peine visible, le regard ailleurs.
*Takumi* :
— T’étais là… mais t’étais déjà loin. Tu peux pas rester comme ça, frère. T’as changé. On l’a tous vu.
Yochi ne répond pas. Il se lève lentement.
*Yochi* :
— Ouais. Mais si on gratte la peinture, c’est la même fissure en dessous. Toujours.
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*Le lendemain,* chez *Aiko.* Elle reçoit un message de Haruka :
*Haruka* : *"Yochi s’éloigne. Il parle à personne. On compte sur toi, Aiko."*
Elle serre son téléphone dans la main, inquiète.
*Aiko (murmure)* :
— Il recommence à s’éteindre...
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*Plus tard, au café*, Yochi croise *Haruto* et *Yui.*
*Haruto* :
— Yo, Yochi ! T’as disparu depuis le mariage ! Ça va ?
*Yochi* (regard fuyant) :
— Félicitations encore… C’était beau.
*Yui* (souriante mais inquiète) :
— Merci. Mais… t’étais bizarre ce jour-là. Tu veux parler ?
*Yochi* :
— Nan. Vous avez assez à gérer. J’suis juste fatigué.
*Haruto (frontal)* :
— T’es pas juste fatigué. T’es paumé. On le voit tous.
Un silence.
*Yochi (froidement)* :
— Alors arrêtez de me regarder.
Il tourne les talons. Yui le suit du regard, triste.
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*Soir.*
Sur son toit, Yochi lit un vieux carnet rempli de croquis et de notes de matchs.
Une voix s’élève derrière lui.
*Aiko* :
— T’as pas répondu à mes messages.
*Yochi* (sans surprise) :
— J’ai pas envie de parler.
*Aiko* (s’avance doucement) :
— Tu fuis. Comme avant. Tu crois que personne t’aime, hein ?
*Yochi* (les yeux fixés au loin) :
— Aimer un mec comme moi, c’est pas sain.
*Aiko* :
— Et pourtant je suis là. Encore.
Un silence. Le vent souffle fort.
*Aiko* (doucement) :
— Tu crois que tomber, c’est la fin. Mais c’est juste le début. Je veux que tu luttes.
*Yochi (murmure)* :
— Pourquoi ?
*Aiko* :
— Parce que t’es pas vide. Tu fais semblant… mais je t’ai vu sourire pour de vrai. Et je veux revoir ça.
Yochi ferme les yeux. Un instant de silence.
Puis il murmure :
*Yochi* :
— T’approche pas trop. J’suis encore piégé.
*Aiko (déterminée)* :
— Alors je viens casser tes chaînes. Une à une.
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Le ciel était gris ce matin-là. Pas de pluie, pas de soleil. Juste ce ton neutre, presque fatigué… un peu comme Yochi lui-même.
Il marchait seul dans une ruelle calme, casque sur les oreilles, mains dans les poches, essayant d’ignorer le monde. Mais même la musique semblait incapable de couvrir le bruit de ses pensées.
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*Lieu : Café habituel*
À l’intérieur, Aiko était assise à une table avec Haruto, Yui, Kaito et Haruka.
*Yui (inquiète)* :
— Il nous répond plus. Il décroche même pas quand c’est Haruto.
*Haruto (soupirant)* :
— Il est dans sa bulle. Mais là… c’est plus qu’une mauvaise passe.
*Kaito (regardant Aiko)* :
— Et toi, t’as pu lui parler ?
*Aiko (voix basse)* :
— Un peu. Mais il se protège avec son cynisme. C’est comme s’il voulait qu’on l’abandonne… pour justifier son vide.
*Haruka (franche)* :
— Il est pas méchant. Juste brisé.
*Emi (les rejoignant)* :
— Et les gens brisés ont besoin de présence silencieuse. Pas de pression.
Ils hochent tous la tête. Aiko serre doucement sa tasse, les yeux dans le vide.
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*Lieu : Terrain de foot désert*
Yochi arrive. Il fixe les cages, pose son sac, et frappe un ballon. Fort. Puis encore. Encore. Jusqu’à tomber à genoux.
*Yochi (à lui-même)* :
— Pourquoi je suis encore là ? Qu’est-ce que je fous dans ce monde…
Une voix derrière lui :
*???* :
— Toujours aussi dramatique, Yochi.
Il se retourne. Maya. Elle porte un sourire moqueur.
*Yochi (regard froid)* :
— Qu’est-ce que tu fous là, Maya ?
*Maya* :
— J’ai entendu dire que t’étais redevenu intéressant. Et je me suis dit… pourquoi pas raviver quelques vieux souvenirs ?
*Yochi (ironique)* :
— J’ai pas besoin d’une descendante de mes mauvais choix pour ça.
*Maya (s’approche)* :
— Tu fais toujours semblant d’être au-dessus, mais tu flottes à peine. Regarde-toi. Seul. Paumé. Tu croyais que ces faux amis te sauveraient ?
*Yochi (calme, mais tendu)* :
— Ils m’ont déjà sauvé. T’es juste arrivée trop tard.
*Maya (murmure en souriant)* :
— Je suis exactement à l’heure pour t’achever.
Yochi se redresse, la fixe longuement.
*Yochi* :
— Si tu veux m’abattre, vise bien. Parce que la prochaine fois, je tombe pas seul.
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*Soir, chez Yochi*
Il ouvre son carnet. Dessins, schémas tactiques, photos de ses amis. Il le referme d’un coup sec.
Message de Haruto :
*"On joue samedi avec les petits. T’es là ?"*
Yochi tape une réponse… puis l’efface.
Il reste figé. Puis son téléphone vibre.
Message d’Aiko :
*"Je t’ai vu. Tu te bats encore. Et je suis là pour t’aider, que tu le veuilles ou non."*
Il sourit… très légèrement.
*Yochi (chuchote)* :
— T’es têtue, toi…
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Le samedi matin, l’air était frais. Le soleil filtrait doucement entre les branches, comme s’il hésitait à percer complètement. Une légère brume flottait encore au-dessus du petit terrain où les enfants, excités, commençaient à courir dans tous les sens.
*Lieu : Terrain de foot des petits*
*Takumi (en souriant)* :
— Ils sont déchaînés aujourd’hui.
*Kaito* (en rattachant les lacets d’un gamin) :
— C’est toi qui les a promis des glaces s’ils marquent, c’est de ta faute.
*Haruka (moqueuse)* :
— Et vous vous plaignez que Yochi est silencieux ? Il est au moins pas bruyant, lui.
*Emi (regarde autour)* :
— Il est même pas là…
Soudain, un ballon roule jusqu’à leurs pieds.
*Voix calme* :
— Vous avez encore besoin de moi ou c’est juste pour me faire courir derrière des mômes mal chaussés ?
Ils se retournent. Yochi est là. Capuche relevée, mains dans les poches, un petit sourire au coin des lèvres.
*Haruto (surpris mais soulagé)* :
— T’as répondu à l’appel, frangin.
*Yochi* :
— J’ai dit que je venais pas. J’ai pas dit que j’étais fiable.
*Haruka (sourire en coin)* :
— C’est notre Yochi, ça.
*Aiko (qui arrive elle aussi)* :
— Moi je savais qu’il viendrait.
Yochi la regarde un instant. Son regard reste neutre, mais une seconde de silence dit plus que mille mots.
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*Sur le terrain*
Yochi commence à entraîner un petit garçon timide, Riku Jr., le fils du frère de Riku. L’enfant a du mal à frapper droit.
*Riku Jr. (frustré)* :
— J’y arrive pas, c’est nul !
*Yochi (calmement)* :
— T’es pas nul. T’es impatient. Tu veux que la balle obéisse à ton pied, mais t’as pas encore appris à écouter son mouvement.
*Riku Jr. (fronce les sourcils)* :
— Hein ?
*Yochi (pose une main sur son épaule)* :
— Le foot, c’est pas qu’un sport. C’est une conversation entre ton cœur et ton instinct. Arrête de vouloir gagner. Commence par comprendre.
Le petit hoche la tête, doucement.
*Kaito (à Emi, plus loin)* :
— C’est fou, hein. Il parle peu… mais quand il parle, c’est comme si tout faisait sens.
---
*Pause. Les jeunes mangent des snacks. Le groupe d’amis s’assoit en cercle sous un arbre.*
*Haruto (croquant une pomme)* :
— T’es resté silencieux ces derniers jours. Et Maya… t’as revu ?
*Yochi* :
— Elle m’a trouvé. Elle sait encore où frapper.
*Yui (inquiète)* :
— Elle veut te manipuler ?
*Yochi (calme)* :
— Elle veut me briser. Parce qu’elle croit que je suis encore à moitié cassé.
*Haruka* :
— Tu l’es ?
*Yochi (long silence)* :
— …Je me recolle. Morceau par morceau.
Aiko baisse la tête, un sourire discret aux lèvres.
---
*Fin de journée. Aiko et Yochi marchent côte à côte.*
*Aiko* :
— Je te croyais pas prêt à revenir sur ce terrain.
*Yochi* :
— Je le suis pas. Mais je l’ai fait quand même.
*Aiko* (regarde droit devant) :
— Tu sais pourquoi ?
*Yochi* (hésite) :
— Parce que j’ai peur de ce que je vais devenir si je continue à m’effacer.
Elle s’arrête. Il aussi.
*Aiko (doucement)* :
— Alors laisse-moi t’aider à te rappeler qui tu es.
Yochi la regarde longuement. Puis :
*Yochi* :
— J’ai toujours su qui j’étais, Aiko. Le problème, c’est que j’ai jamais su si ça valait la peine de rester.
*Aiko (pose sa main sur son bras)* :
— Maintenant tu sais.
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Le soir est tombé sur la ville. Les lampadaires diffusent une lumière orangée, douce mais fragile. Dans l’obscurité des ruelles, une silhouette avance, cigarette aux lèvres, sourire tordu aux coins des lèvres : *Maya*.
Elle est au téléphone.
*Maya (voix calme)* :
— Il est revenu sur le terrain. Ils pensent que l’amour va le sauver…
*Elle rit doucement.*
— Il a toujours été faible face aux liens. C’est là que je vais frapper.
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*Lieu : Appartement de Yochi*
Yochi est assis sur son canapé, lumière tamisée, carnet à la main. Il y dessine un terrain de foot. Pas pour une tactique. Juste… pour s’apaiser. Puis, on frappe à la porte.
*Yochi (sans bouger)* :
— T’as une clé, Aiko. T’es pas obligée de faire semblant.
La porte s’ouvre. Mais ce n’est pas Aiko.
C’est *Maya.*
*Yochi (se redressant)* :
— …T’as osé.
*Maya (en entrant comme chez elle)* :
— Tu laisses ta porte ouverte, tu veux que je fasse quoi ? Un poème ?
*Yochi (froid)* :
— Dégage.
*Maya* :
— T’as changé, ou c’est juste une nouvelle façade pour séduire tes “amis” ?
*Yochi* :
— J’ai rien à leur prouver. Mais toi… tu continues à courir après le chaos comme si c’était ton oxygène.
*Maya (sourire moqueur)* :
— Et toi, tu continues à fuir la vérité. Tu crois qu’ils t’aiment ? Tu crois que cette Aiko peut vraiment comprendre ce que t’as vécu ?
Yochi serre les poings.
*Maya (en s’approchant)* :
— Je te connais mieux qu’eux tous. Tu peux jouer les reconstitués… mais tu resteras toujours brisé.
*Yochi (doucement)* :
— C’est faux. J’ai changé.
*Maya* :
— Alors prouve-le. Viens avec moi. Une dernière fois. Retombe dans l’obscurité. Juste une nuit. Pour voir si tu tiens vraiment debout.
Il ne répond pas. Silence. Le regard de Yochi est dur, mais vacille.
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*Lieu : Chez Aiko*
Aiko regarde une photo de groupe. Elle remarque l’air absent de Yochi sur la photo.
*Aiko (à elle-même)* :
— Il doute encore…
Son téléphone vibre.
Message de Yui :
*"Fais attention à Maya. Elle n’est pas là par hasard."*
---
*Le lendemain*
Yochi retrouve Haruto, Aiko, et les autres au café.
*Haruto (en plaisantant)* :
— T’as l’air d’avoir dormi avec tes démons.
*Yochi (sèchement)* :
— Ils font la cuisine mieux que toi, t’sais.
Les autres rient, sauf Aiko, qui le fixe longuement.
*Aiko (inquiète)* :
— T’as vu Maya hier ?
Yochi la regarde. Il ment.
*Yochi* :
— Non.
Silence pesant. Aiko comprend. Mais elle ne le confronte pas. Pas encore.
---
*Plus tard. Terrain désert. Haruka rejoint Yochi.*
*Haruka* :
— On dit que l’ombre revient quand on arrête de marcher vers la lumière.
*Elle le regarde sérieusement.*
— T’arrêtes pas maintenant, Yochi.
*Yochi (baisse les yeux)* :
— J’ai jamais marché. J’ai juste couru pour pas me faire rattraper.
*Haruka (pose une main sur son épaule)* :
— Alors cette fois, cours vers quelque chose. Pas contre.
---
*Lieu : Une salle d'entraînement vide, en soirée.*
Yochi est seul, assis sur le banc, ballon à ses pieds. Il fixe le mur, perdu dans ses pensées. Les échos du ballon frappant les murs résonnent encore autour de lui. La lumière est tamisée, presque dramatique.
*Voix familière, tranchante* :
— Tu te caches ici comme si tu pouvais fuir ce que tu es.
Il lève lentement la tête.
*Yochi (froidement)* :
— J’me cache pas. J’attends que les fantômes se lassent.
*Maya entre, le talon claquant sur le sol dur*.
*Maya (sourire ironique)* :
— Tu penses vraiment qu’ils s’en vont ? Ceux-là vivent en toi, Yochi. Depuis toujours.
*Yochi* :
— Alors je vais vivre avec eux. Mais c’est moi qui décide maintenant.
*Maya (s’assoit en face de lui, provocante)* :
— Tu joues au héros, au mentor, au bon gars. Mais je te vois. Je t’ai vu dans tes silences, dans ta rage. Tu sais ce que j’ai compris ?
*Yochi (serrant le ballon dans ses mains)* :
— Dis-le.
*Maya* :
— Que t’as toujours été doué pour trahir ce que t’aimes. Tu t’attaches pour mieux te détacher. T’es un désert qui se rêve oasis.
*Yochi (se lève, voix grave)* :
— J’ai été ça. Mais j’ai changé.
*Maya (se lève aussi, s’approche lentement)* :
— Tu mens. À eux. À toi-même. Tu veux qu’on t’aime, mais t’as jamais cru le mériter. C’est pour ça que t’as jamais dit à Aiko ce que tu ressens. Tu penses qu’elle finira par partir, comme tout le monde.
*Yochi (regarde ailleurs)* :
— Peut-être qu’elle le fera. Mais pas aujourd’hui. Et c’est tout ce qui compte.
*Maya (ton amer)* :
— Tu crois vraiment qu’ils t’aimeront quand ils verront qui tu es vraiment ? Quand tu recracheras le poison que t’as bu toutes ces années ?
*Yochi (calmement, regard dur)* :
— J’ai appris à transformer ce poison en lucidité.
Silence.
*Maya (les yeux brillants, rage mêlée de tristesse)* :
— Pourquoi tu refuses ce qu’on était ? On était deux éclats du même miroir. On se comprenait.
*Yochi (à mi-voix)* :
— On s’est détruits. Toi, t’as aimé ma noirceur. Elle… elle éclaire ce que j’ai en moi.
*Maya* :
— Tu choisis Aiko ?
*Yochi (regarde dans le vide, voix basse mais ferme)* :
— Je me choisis. Et elle m’aide à le faire.
Elle serre les poings. Mais un cri dans le couloir interrompt tout.
*Aiko (à l’entrée de la salle, haletante)* :
— Yochi… tu devrais pas rester seul avec elle.
*Maya* (sourire cruel) :
— Trop tard. Il m’a déjà laissée entrer.
*Aiko (s’approche de Yochi, sans quitter Maya des yeux)* :
— Mais c’est moi qu’il a choisi de garder.
Yochi, les yeux brillants, baisse lentement la tête.
*Yochi (murmuant à Aiko)* :
— Reste. J’ai besoin de toi.
*Maya (en reculant, voix tranchée)* :
— Vous pensez avoir gagné ? Ce n’est qu’un acte. Et moi, j’écris l’épilogue.
Elle tourne les talons et disparaît dans l’ombre.
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*Lieu : Dehors, sous un lampadaire*
*Aiko (tenant le bras de Yochi)* :
— Elle ne peut plus te contrôler. Tu as changé. Tu peux continuer.
*Yochi (regarde la lumière du lampadaire percer la nuit)* :
— Elle est encore là… mais maintenant j’ai une lumière pour lui faire face.
*Aiko (sourire doux)* :
— Alors continue d’avancer. Et quand t’oublieras, je serai là pour te rappeler.
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