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Mon Passé ; Mon Supplice

Chapitre 1 (première partie)

Les yeux posés sur la petite chaîne en argent qui orne mon poignet, je la fixe comme si elle venait d'atterrir là... comme si c'était la huitième merveille du monde.

Je sais pas pourquoi, mais les fantômes de mon passé squattent trop mes pensées aujourd'hui.

J'ai mal dormi...et je n'ai fait que faire des cauchemars.

Revoir la scène où on enterre mes parents sous mes yeux alors que je n'avais que dix ans ne m'a pas beaucoup aidé au réveil...

Mais les choses auraient pu s'arranger si la harpie qui sert de femme à mon oncle n'avait pas ajouté son grain de sel...

Oh mes aïeux, que je la déteste cette femme, je peux pas me la blairer, c'est physique.

Et pourtant j'habite sous le même toit qu'elle...

Chez elle.

Bah ouais, situation oblige.

Je ne comprends pas comment mon oncle qui est la gentillesse incarnée a pu tomber sur une femme aussi mauvaise!

Ce monsieur m'aime comme si j'étais sa propre fille et n'a jamais fait de différence entre ma cousine et moi.

Ça doit être la cause de la haine que me voue la harpie de la maison...

Au point où elle a fini par retourner sa fille contre moi.

Est-ce que je m'en balance ?!...

Bien évidemment que non, j'aime ma cousine, elle était ma meilleure amie. Ma confidente même. Mais elle a changé du jour au lendemain...

Parce que sa mère le lui a demandé.

C'est vrai qu'on n'était encore ados quand elle est devenue...ce qu'elle est aujourd'hui... Mais elle n'était plus une gosse. Elle savait déjà faire la différence entre le bien et le mal...

Et elle a quand même choisi la seconde option.

M'enfin bon...

J'irai pas jusqu'à dire que son amour me manque...

Ou peut-être si, un peu. Mais ce n'est pas bien grave, j'ai celui de mon oncle...et celui de Mila, ma meilleure amie.

Je lève les yeux de mon poignet et balais le restaurant dans lequel je bosse d'un geste rapide puis soupire.

Si j'avais pu choisir, j'aurai choisi poursuivre mes études après mon diplôme au baccalauréat. J'ai toujours rêvé faire de grandes études... avoir plusieurs diplômes et devenir une femme d'affaires comme des celles qu'on voit souvent dans les magazines ou à la télévision...

Mais hélas, la vie en a décidé autrement. Mon rêve de devenir une grande architecte s'est envolé le jour même où mes parents se sont également envolés dans l'au-delà.

À dix ans, on a que des rêves de gosse. Mais moi j'ai grandie avec le même rêve parce que mon oncle étant un grand architecte, j'ai toujours adoré le plan de ses créations . J'ai toujours été fascinée et émerveillée par son travail.

J'adore mon oncle ! Tout comme lui aussi m'adore.

Après la mort de mes parents, il m'a pris sous son aile. Et malgré le fait que sa femme me haie pour cette raison inconnue, il ne m'a jamais laissé tomber.

C'est vrai qu'il n'est pas très content que je travaille ici, mais je ne peux pas non plus rester à la maison à ne rien faire... ou m'entêter à vouloir travailler à l'entreprise présentement sous prétexte que mon père en a la plus grande part. Je vais y travailler un jour oui. Je vais récupérer ce qui me revient de droit mais pas maintenant...

De toute façon même si je le voulais maintenant, avec quel pouvoir et quelle force pourrai-je lutter contre cette femme.

Il arrivera un jour.

Oui, un jour où je vais réussir.

Parce que je compte bien me battre pour, et cette femme... elle me suppliera à genoux d'avoir été si ignoble avec moi.

De nature, je ne suis pas une personne rancunière. Mais comme on a souvent tendance à le dire, c'est l'homme qui rend l'homme méchant.

Et cette femme...

Je la hais tout autant qu'elle me haie.

Mais au moins ma haine à moi est justifiée.

Je ne veux tellement pas semer le trouble dans le foyer de mon oncle que je cède à chaque fois aux menaces de Lydie. Elle s'est crue pour un dieu depuis que son mari l'a mise à la tête de l'entreprise parce qu'il n'a pas le temps de gérer et ses affaires à l'étranger, et la société.

Il n'est pas beaucoup présent alors Lydie fait de moi ce qu'elle veut.

Je ne suis pas non plus une balance pour lui rapporter ce qui se passe à chaque fois...

Surtout que cette Lydie m'a fait culpabiliser du fait que si je m'entête à raconter des choses à mon oncle... à vouloir forcément travailler dans l'entreprise, elle le quitterait...et Christelle et lui vivront malheureux par ma faute.

Franchement, est-ce qu'il y en a qui peuvent tomber plus bas qu'elle ?!...

J'en doute.

Je ne sais pas si c'était que des menaces en l'air...

Mais comme je l'ai dit, j'adore trop mon oncle et je me sentirai coupable toute ma vie, si elle met sa menace à exécution.

Elle m'a dit mot pour mot qu'elle ne m'a jamais aimé... et c'est tant mieux. Au moins elle n'est pas hypocrite...

Enfin sauf lorsque mon oncle est là.

Puis...

Si elle croit vraiment que j'ai besoin de son amour toxique pour me sentir bien c'est qu'elle n'a rien compris.

On peut pas plaire à tout le monde, c'est un fait.

Je garde tout ce qui se passe avec elle pour moi et c'est mieux ainsi.

Mon entourage...les quelques peu d'amis que j'ai savent qu'elle est pire que Cruella.

Alors je suis sûre que personne ne pense que je vis la belle vie dans cette baraque, faut pas rêver.

Il y a au moins une chose à laquelle elle ne m'a pas interdit de toucher: c'est la bouffe de la maison.

Elle me laisse manger, elle me laisse utiliser son courant et son eau...

Peut-être qu'elle n'est pas si mauvaise que ça en fin de compte...

Ou elle m'en donne le droit juste parce qu'elle a peur que mon oncle le découvre un jour.

Parce que...

Il devient vraiment violent et agressif avec elle lorsqu'il apprend qu'elle s'en est prise à moi.

Mon oncle, étant le frère cadet de mon père m'a toujours aimé. Même lorsque mes parents étaient encore vivants. Je me rappelle que dans les débuts, lorsque j'ai emménagé avec eux, sa femme a fait des trucs étranges pour qu'il me croit capable de vole ou mal élevée etc... mais ce qu'elle n'avait pas compris, c'est que mon oncle me connaissait comme s'il m'avait faite.

Et peut-être qu'il y a eu des moments où elle a réussi à le convaincre, mais il ne me l'a jamais fait savoir en ayant un changement de comportement envers moi.

Je ferme un moment les yeux puis commence à me masser la tempe.

Je sais pas pourquoi je pense à tout ça aujourd'hui.

Peut-être parce que ma cousine me manque !...

Oui, Christelle me manque énormément. On était inséparables à une époque, on était comme des jumelles mais de parents différents.

Elle m'adorait et moi aussi. Mais aujourd'hui, elle est devenue une autre personne. Elle traine avec des gosses de riches et me jalouse pour tout, c'est dingue !

Mais bon sang, j'ai rien qu'on puisse envier. Je n'ai pas demandé à être différente... Et d'ailleurs, le suis-je vraiment ?

J'ai seulement des yeux marrons clairs (ce qui est très rare dans ce pays je l'accorde), et une chevelure assez touffue et bouclée parce que mon arrière grand-mère maternelle a un côté brésilien, c'est tout. Je n'ai que ça merde, alors pourquoi m'envier ?

C'est même le contraire qui devrait se passer là, c'est plutôt moi qui devrais l'envier parce que...

Bah elle a tout ce qu'elle veut.

Elle a pu continuer ses études elle. Elle a des vêtements de marque... et a toujours ses deux parents qui l'adorent.

Moi si je pouvais échanger cette foutue beauté dont les gens n'arrêtent pas de m'attribuer contre la vie de mes parents , je le ferai.

Quitte à devenir la femme la plus laide au monde... pire que Sogolon Kondé , la mère de Soundiata.

Mais avoir ses parents à ses côtés, c'est une bénédiction je vous en conjure.

A tous ceux qui ont encore leurs parents, chérissez les comme vous n'aviez jamais chéri personne. Montrez les quel genre d'incroyables personnes ils sont pour vous...

Et pour tous ceux qui n'ont plus les leurs, dites vous qu'ils veillent sur vous depuis l'au-delà.

En ce qui me concerne, c'est ça que je prends pour me consoler. Je me dis qu'ils sont mes anges gardiens désormais.

Un bruit de casse à ma gauche me fait sursauter légèrement...

Génial !

Faut toujours qu'on tombe sur des personnes qui aiment se donner en spectacle.

Heureusement (et je dis un grand merci à Dieu pour cela), je ne suis jamais tombée sur un client connard. Au contraire, la plupart des ceux dont je prends les commandes sont très généreux avec moi et n'arrêtent pas de me taquiner ou me demander de venir prendre un verre avec eux (que je refuse gentiment, cela va de soi).

Je regarde Nadine, ma presque meilleure amie...

Bah oui, seule Mila a ce titre.

Je la regarde se confondre en excuse tout en se contentant de ne pas envoyer une gifle à ce gros porc qui la reluque sans vergogne.

Il y a vraiment des êtres ignobles dans ce foutu monde faut le reconnaître.

L'enfoiré doit avoir une épouse qui le croit au boulot ou en réunion d'affaires, mais il est assis ici... à balancer sa fourchette au sol et obliger des jeunes serveuses à la ramasser pour pouvoir mater leurs culs.

Pauvres enfoiré de sa race.

La société devrait se débarrasser de ces bougres, ils me sortent par les pores.

Je regarde Nadine retourner en cuisine en marmonnant dans sa gorge, les poings serrés pendant que l'enculé affiche un sourire pervers sans la quitter des yeux.

Vivement que j'aie un minimum de petit pouvoir dans ce foutu pays, je flinguerai tous ces enculés sans exception.

Levant les yeux au ciel blasée alors que son regard croise le mien, je détourne la tête.

Je veux surtout pas manquer de respect à quelqu'un et me faire remarquer alors je préfère regarder ailleurs parce que je risque de lui sortir mon plus beau doigt d'honneur à cet enculé.

Je soupire puis sors mon téléphone pour envoyer un message à Mila et savoir comment elle va.

Elle n'a pas pu venir aujourd'hui ( oui nous bossons dans le même restaurant), parce qu'elle a attrapé une petite grippe qui la fatigue un peu depuis avant-hier. Du coup, je suis avec Nadine depuis 07h30 et dans quelques heures nous pourrions souffler un peu car nos remplaçantes seront là et chacune de nous pourra rentrer chez elle.

Même si en ce qui me concerne, j'aimerais bien ne plus retourner dans cette maison.

Mila me répond qu'il y a du mieux et j'espère qu'elle pourra être là lundi... Sauf que j'aurais souhaité qu'elle soit là aujourd'hui.

Nous sommes samedi, et le restaurant est toujours plein à craquer les weekends et ce du matin jusqu'au matin parce que le proprio qui nous prend comme ses petites protégées a divisé le local et en a fait l'autre moitié en un bar luxueux et ça rapporte pas mal de clients.

Là maintenant l'ambiance est un peu relaxe alors je me tire une chaise et m'assieds alors que Nadine ressort de la cuisine.

Elle soupire bruyamment, prenant place à côté et laisse tomber sa tête sur la table devant nous.

Chapitre 1 (deuxième partie)

__ Chuis crevée , râle-t-elle. C'est quand qu'elle guérit, Mila?

Comme si je le savais.

J'aimerais bien lui répondre que je ne suis pas un médecin et que je ne l'ai pas examiné mais je me la ferme.

Je suis beaucoup connue pour celle qui parle mal alors ces temps ci j'essaie de me faire une autre réputation.

Je me bats pour vider ma bouteille d'eau que j'ai récupéré tout à l'heure lorsque je sens Nadine me gratter légèrement le bras avec ses faux ongles bien manucurés.

Je la connais. Et je suis sûre que ce qu'elle va me sortir sera absurde alors je prends mon temps pour savourer le merveilleux goût du céleste avant de lui accorder un regard nonchalant :

__ Oui? Je souris , espiègle et elle sourit à son tour de toutes ses dents. Quoi, tu vas encore te refaire les seins ?

Elle fronce les sourcils en se redressant et je glousse.

Elle est naturelle.

J'adore juste la taquiner c'est tout.

__ Très drôle ! Fait-elle faussement boudeuse. Pourquoi tu fais comme si tu vois rien à ce qui se passe ici?

__ Qu'est-ce qui se passe ? Demandai-je en promenant mes yeux sur la foule un peu bruyante.

Il y a des dînés d'affaires, des dînés entre amis j'imagine. Et aussi... il y a pleins de nouvelles têtes dont beaucoup de toubabs... des métisses...

C'est vrai qu'il y a beaucoup de touristes ces jours ci.

Aussi... ces gens ne savent pas ne pas parler en mangeant, c'est dingue!

Je croyais que les bonnes manières, ça dormait chez eux, haa ha !

Je ramène les yeux dans ceux de Nadine et réponds :

__ Il y a beaucoup de nouvelles têtes ?Proposé-je en espérant que ça soit la réponse qu'elle attend pour qu'on passe à autre chose, j'ai horreur des devinettes.

__ Tu piges donc vraiment que dalle ?

__ Bon ça va Nadine, qu'est-ce qui se passe ? Soupiré-je.

__ T'as pas remarqué que tous les mecs te dévorent toute crue.

Et ça recommence, non mais ho faut changer de disc une fois, ça devient lassant à la longue.

Je lève les yeux aux ciel avant de

soupirer et chercher à répondre au nouveau message de Mila.

__ Fais pas cette tête, je dis la vérité.

__ Tu dis que dalle ma vieille, tu veux pas changer de disc? Ça devient relou à force.

Elle se redresse légèrement puis me regarde clignant des yeux.

Est-ce que je suis énervée ?

Bah oui, carrément.

Il y a des sujets très importants sur lesquels on peut débattre... comme la paix dans le monde... comme me demander jusqu'à quand je vais devoir me coltiner la femme de mon oncle...

Mais Nadine, elle parle que des mecs canons, des filles qui sont plus en forme qu'elle et j'en passe. À croire qu'il n'y a que l'apparence physique qui compte pour elle.

__ Pour**quoi je te sens vénère ?

__ Parce que je le suis**.

Je plante mes yeux dans les siens :

__ T'as pas de meilleurs sujets à débattre ?

__ Oh mais c'est bon, elle ronchonne. Je comprends pas pourquoi tu fais tout un plat, à ta place je serai trop contente d'être autant le centre du monde de tous ces beaux mal.

__ Tu veu**x qu'on échange contre tes parents ? Je lui montre mon plus beau sourire. Tu me donnes tes parents et ils seront les miens à partir d'aujourd'hui et je te donne cette "soit disant beauté" dont tu ne te lasses jamais d'en parler**.

Nadine me regarde la bouche grandement ouverte, comme si elle était en face du fantôme de l'un de ses ancêtres et j'éclate de rire.

Si elle pouvait voir sa tête, je suis sûre qu'elle rigolerait avec moi.

Je tapote doucement sa joue sans arrêter de me foutre d'elle et elle finit par rigoler nerveusement.

__ Détends-toi , c'était une blague, dis-je. Mais sinon, si ça te tente on peut essayer ?

Je prends mon air le plus sérieux et elle fronce les sourcils.

Je glousse.

__ T'es pas croyable Canny, rigole-t-elle en secouant la tête.

C'est comme ça qu'elles m'appellent, Mila et elle.

Mila était bien la seule... plus l'ancienne Christelle. Mais Nadine est devenue une très bonne amie pour nous depuis que nous travaillons ici. Elle est gentille et très sociable. Elle a un an de plus que nous et travaille ici depuis un an également si je ne m'abuse alors elle s'y connait mieux que nous.

Même si bon, c'est pas très

compliqué de servir des gens à mon avis...

C'est mon avis.

Il suffit juste d'avoir une bonne

mine, le sourire aux lèvres et hop, le tour est joué.

C'est vrai que certains clients sont super agaçants. Mais bon comme je l'ai dit tout à l'heure, je n'ai jamais eu de problème ici. Je sais pourquoi je suis là.

Je veux...juste tuer le temps c'est vrai mais j'espère vraiment pouvoir réaliser quelque chose de remarquable par le canal de ce restaurant.

__ Tu m'écoutes ?

__ Non. Je m'adosse sans la quitter des yeux et elle sourit:

__ Tu pensais à quoi?

__ À ma putain de vie.

__ Canny...

Elle se renfrogne en perdant son sourire et je lui montre le mien pendant qu'elle fronce les sourcils :

__ T'as le chic po**ur plomber l'ambiance toi, hein!

__ Rholala, n'exagère pas non plus, tu-

__ Excusez-moi**...

Je tourne la tête à ma droite et mes yeux s'accrochent à un torse vachement large et des épaules tout aussi larges.

Je remonte lentement les yeux et...

Oh la vache mais...

Mais il est magnifique le mec, c'est permis ?!...

Et il est aussi sauvagement grand, c'est un basketteur ?...

Qu'est-ce que...

Chapitre 1 (dernière partie)

Mais putain, bon sang de bonsoir, il est vraiment réel?... ou je me suis assoupie alors que je discutais avec Nadine.

Jésus MarieJoseph, ça peut pas être permis.

Dieu peut pas lui avoir donné tout ceci à lui seul enfin, ça serait de la discrimination pure!...

Surtout en pensant au bougre qui a reluqué Nadine tout à l'heure, face à ce type arrêté en face de moi lui doit ressembler à un fétiche des danseurs de cômian.

Je vous fais une description rapide et détaillée pour qu'on en juge ensemble ?!...

D'accord...

Il est métisse... et a des yeux bleus.

D'un bleu azur qui brille comme si de petites étoiles étaient logées dans ses prunelles. C'est la première fois que je vois en vrai des yeux d'une autre couleur que le noir et le marron...

Une petite bouche ornée par des lèvres rosées...des cheveux en bataille au style d'un Bad boy. Et sa musculature ?... elle est parfaite. Elle n'est ni trop exagérée et ne passe pas inaperçue dans son polo blanc immaculé.

C'est un putain de dieu grec?!...

J'avale ma salive sans pouvoir détacher mes yeux des siens.

Et lui non plus ne détache pas son regard du mien.

Jésus Christ de Nazareth, si c'est pas un rêve, va falloir qu'on cause toi et moi Jésus, tu peux pas lui avoir donné tout ça à lui seul quand même, et les autres ?!...

Surtout le bougre pervers de tout à l'heure.

Il n'a aucun défaut.

Physiquement parlant, je vous assure qu'il n'en a aucun.

__ Canny?!... Oh, Oh Canny?

Je sors brutalement de mes pensées puis grogne en foudroyant Nadine du regard.

Elle sourit...

Ce qui me fait froncer les sourcils.

__ Je croyais que j'étais la seule à fantasmer ? Rigole-t-elle et je lève les yeux au ciel.

Je ne fantasmais pas. Je...

Je le décrivais tout simplement.

Voilà c'est ça.

__ Mademoiselle?

La voix grave du dieu grec me fait légèrement sursauter et je plonge à nouveau dans ses magnifiques prunelles mais j'eus un léger mouvement de recul, voyant qu'il a les sourcils froncés.

Ok.

Qu'est-ce qui se passe ?

Il est en colère parce que je l'ai reluqué ?...

Si ce n'est que ça, je peux m'excuser, je veux surtout pas avoir de problème.

D'autant plus que je sais à quel point c'est chiant de sentir le regard des autres en permanence sur toi.

__ Je vous avais demandé de la salade et du poulet frit... C'est quoi cette merde?

Oh!...

Temps mort!

Je crois que la réalité vient de me frapper de plein fouet.

Ça t'apprendra à rêvasser et baver sur des inconnus ma vieille.

Ah ouais, ça je le confirme, ça m'apprendra.

Je soutiens son regard froid et intimidant puis fronce les sourcils à mon tour.

J'avais pas remarqué qu'il avait le regard aussi froid et impassible.

Tout à coup, je ne le trouve plus aussi canon et il ne peut s'en prendre qu'à lui-même, tiens.

__ Au lieu de faire convenablement votre travail, vous êtes là à draguer comme une pétasse. Ça vous plaît que tous les mecs ici présents vous matent n'est-ce pas? Eh bien c'est vous que ça regarde. Faites correctement votre travail pendant que vous êtes en service et vous jouerez les putes affamées plus tard.

Dieu de mes ancêtres et Dieu de mes aïeux qui est le Dieu tout puissant... Je vous en supplie donnez moi la patience que vous m'aviez toujours donné s'il vous plaît

NON MAIS SANS DÉCONNER, IL SE PREND POUR QUI LE MEC?

On se connait ni d'Adam ni d'Ève, il n'a pas le droit de m'insulter de cette façon peu importe l'erreur que j'ai faite.

Je serre les poings et baisse la tête alors que son regard pénétrant me brûle tout le corps.

Ma main droite me démange et le simple fait de la gratter ne suffira pas.

Putain mais je lui ai rien fait merde, je lui ai rien fait.

Il connaît pas ma vie merde, il n'a pas le droit de me traiter de pute.

J'ai jamais eu de problème avec un client dans ce restaurant. Mais faut croire que y'a toujours une première fois à tout.

Et ce type sera ma première fois. Parce que franchement, il est hors de question que je laisse passer ça.

Je serai peut-être renvoyée si monsieur Kane juge que j'ai dépassé les limites...mais au moins j'aurai défendu mon honneur de femme digne et respectable.

Si ce type avait pour habitude de rabaisser ainsi les femmes, je suis son terminus aujourd'hui.

Désolée papa. Désolée mon oncle. Vous m'aviez toujours conseillés de ne jamais lever la main sur un homme. Et j'ai réussi à tenir cette promesse que je vous avais faite jusqu'ici... mais là... c'est la goûte d'eau qui fait déborder l'océan.

Je relève lentement la tête et plonge à nouveau dans son regard profond.

Il n'a pas changé de position, et me regarde toujours avec cet air intimidant et impassible.

__ Canny...

Nadine ne finit pas de prononcer mon prénom que ma main s'abat violemment sur la joue du Bad boy aux yeux bleus en face de moi.

Je ne l'ai pas caressé, non.

J'y ai mis toute la force que je possède... Et bien évidemment, le bruit strident de la gifle attire l'attention de tout le monde ici présent.

Je serre les poings et les dents... plantant mon regard le plus haineux dans le sien.

Il me regarde l'air surpris.

Comme s'il ne pouvait pas s'attendre une seconde que je fasse ça.

Eh bien mon coco, si.

Les autres t'ont peut-être laissés faire jusqu'ici mais au moins maintenant tu sais que ça ne marche pas avec tout le monde, enfoiré.

Trois types aussi gigantesques que lui accourent vers nous alors que tous les regards sont toujours braqués sur nous.

Je détaille quelques secondes les nouveaux venus du regard et un parmi eux est aussi métisse et ressemble énormément à celui qui doit avoir la joue en feu depuis tout à l'heure...puis deux toubabs.

__ Putain, marmonne entre les dents le second métisse. Mais qu'est-ce qui se passe Pharell?

Le dénommé Pharell ne répond pas puis serre la mâchoire les yeux toujours plantés dans les miens puis... il esquisse un putain de petit sourire que je jure de le lui faire avaler dans pas longtemps.

J'avance plus près et Nadine me retient :

__ On se calme ! Dit-elle et je me dégage doucement de son emprise et me plante net devant le type avant de me tordre le cou pour garder les yeux dans les siens :

__ De la merde? Je demande en rigolant nerveusement. Vous êtes sûr que si vous aviez vu de la merde dans votre assiette vous seriez resté aussi longtemps ? Non j'en doute. Vous êtes qui pour me traiter de pute hein? Je commence à respirer rapidement. J'imagine que vous n'êtes rien d'autre qu'un fils à papa...un putain de gosse de riche qui se croit le maître du monde et n'a aucun respect pour qui que ce soit pas même pour la femme alors qu'il sait très bien que c'est l'une d'elles qui l'a engendré.

Il serre encore plus la mâchoire à s'en broyer les dents et je jubile de l'intérieur à savoir que je l'atteins.

Attends mon grand, la suite va faire encore plus mal.

__... Vous n'avez aucune idée de comment les gens normaux doivent survivre. Vous, vous vivez. Mais nous autres, nous survivons pauvre enfoiré. À vous voir, je suis prête à parier que vous n'avez aucune idée de comment travailler dur et obtenir un résultat plaisant à la sueur de son front. Vous n'avez pas à vous casser le crâne pour cela, papa et maman sont là pour le faire à votre place. Vous êtes bien un bel homme, mais je crois que ce qui est déposé sur votre cou qui vous sert de tête n'a pas de cervelle. Vous aviez pour habitude d'humilier les gens de cette façon et vous en tirez du plaisir lorsqu'ils tremblent face à vous sans riposter? Dommage pour vous mon vieux, mais j'ai horreur qu'on me manque de respect, surtout que je n'ai jamais eu à le faire avec quiconque ici.

Je sors mon carnet de notes de la poche de mon tablier puis l'ouvre de sorte qu'il voit sa commande que j'ai noté :

__ Je vous ai servi ce que vous avez commendé parce que je sais écouter. J'ai noté votre commande comme vous me l'aviez cité. C'est pas ma faute si vous aviez les idées ailleurs à ce moment-là...

__ Que se passe-t-il Canny?

Ah, il se pointe enfin...

Sauf que j'espérais y échapper mais bon...

Personne ne peut échapper à son destin comme on le dit.

Je ne réponds pas au Big Boss et continue de soutenir les yeux de cet enfoiré qui ont à présent virés au rouge tant il est en colère.

Tant mieux, c'est tout ce que je voulais.

Qu'il sache que y'a une limite à tout.

Le respect est mutuel tas d'enculé !

__ Rien monsieur. Répond celui qui lui ressemble, qui doit certainement être son frère quand monsieur Kane arrive à notre niveau. C'est juste un malentendu ne vous inquiétez pas. Veillez s'il vous plaît excuser le comportement de mon frère mademoiselle.

Je croise son regard et ne cille pas...

Tiens donc, aussi facilement comme ça ?

Il était où lorsque son frère me traitait de pute affamée ?

Comment s'est-il arrangé pour ne pas avoir remarqué son absence vu qu'ils étaient à la même table ?

J'évite d'avoir des histoires justement pour ça. Parce que, une fois que je sais que j'ai raison, on a du mal à m'arrêter.

__ Votre commande est là, regardez vous-même. Dis-je en balançant le carnet ouvert sous son nez.

__ Canny. Monsieur Kane me saisit doucement pour me tirer en arrière mais je ne m'arrête pas et balance toujours le carnet comme une tarée.

Ils me regardent tous l'air surpris à présent.

Bah oui.

Je suis des celles qui laissent rarement tomber aussi facilement.

__ Je t'en prie Cannelle calme toi, allez . Me saisit fermement mon patron puis il me fait face. Je sais que tu dois avoir raison d'accord ? Mais s'il te plaît calme toi.

J'inspire et expire.

Monsieur Kane est quelqu'un de tellement gentil, j'ai pas le droit d'en faire qu'à ma tête même si j'ai raison.

Si ça avait été quelqu'un d'autre, c'est sûr qu'il n'allait même pas prendre la peine de savoir si j'ai raison ou pas qu'il m'aurait demandé de quitter son restaurant.

Mais monsieur Kane est tellement un amour...

J'ai pas le droit de lui manquer de respect.

Il demande à Nadine de m'emmener dans son bureau le temps qu'il discute avec "le fils à papa" et je suis mon amie et collègue sans discuter.

Ce restaurant est le seul endroit où je me sens bien merde, personne n'a le droit de venir m'enlever ça.

Il m'a complètement bousillé le reste de ma journée l'enfoiré, j'avais pas imaginé la fin de mon service de cette journée de cette façon.

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