Silence. Le ciel est noir. Des nuages rouges tournent lentement au-dessus d’un village éclairé par des flammes.
Un cri de bébé au loin, étouffé.
SFX : vent fort, feu qui crépite au ralenti.
Voix Off (narrateur) :
> "Cette nuit-là… le destin du monde a basculé."
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Silhouettes floues de créatures masquées (les Rovers) avançant dans la brume. Leurs yeux brillent à travers leurs masques.
On voit leurs griffes ensanglantées… une lame plantée dans le sol… une pluie rouge tombe.
> "Ils sont venus sans prévenir… sans un mot…"
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Un homme imposant au milieu d’un champ en feu, dos tourné, cape déchirée au vent. Il lève une arme gigantesque, illuminée d’un éclat doré. Autour de lui, des cercles magiques flottent.
> "Lui… le plus fort parmi les hommes… s’est dressé contre eux…"
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Une femme en train de s’effondrer dans une maison à moitié détruite, serrant un bébé contre elle. On ne voit que ses mains tremblantes, tachées de sang.
> "Elle, l’élue des cieux… donna la vie dans les flammes… et la confia au monde."
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Les pieds d’un enfant posés au sol. Des pas lourds s’éloignent dans le sang… On entend des rugissements lointains et un hurlement non-humain.
> "Ce fut le sacrifice ultime… pour un espoir fragile."
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Zoom lent sur un bébé (Frédéric) pleurant au milieu des décombres, entouré de cendres. Il est vivant, seul, protégé par une fine barrière rouge. Des gouttes tombent sur sa joue.
Voix Off (Zayn, calme, nostalgique) :
> "Les années ont passé… mais les cicatrices sont restées."
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[ Extérieur : Portail d’un collège, sous un ciel gris clair]
Le portail s’ouvre doucement. Une silhouette d’enfant marche seule. Frédéric, 10 ans, de dos, portant un sac simple et un regard vide. Les autres enfants courent, rigolent. Lui, non.
Voix Off (narrateur) :
> "À dix ans, il arriva dans un monde qu’il ne connaissait pas… un monde qui ne le connaissait pas."
---
[ Intérieur collège, couloir]
Frédéric traverse les couloirs. On entend des chuchotements.
"C’est lui ?"... "Il parle jamais"... "Regarde ses yeux..."
Frédéric garde la tête baissée, silencieux.
---
[ Salle de classe, il est assis seul au fond]
Un professeur écrit au tableau. Frédéric regarde par la fenêtre, l’air ailleurs. Flash très rapide d’un souvenir (le feu, un cri, une silhouette en sang). Il cligne des yeux.
Voix Off (narrateur) :
> "Il n’était qu’un enfant… mais dans ses yeux, il y avait déjà les fantômes d’une guerre oubliée."
---
[Récréation]
Les enfants jouent, se bousculent, rient. Frédéric marche lentement à travers eux, isolé dans sa bulle.
> "Il n’avait ni famille… ni souvenirs heureux. Juste… un nom. Et une promesse, gravée dans son cœur."
[Récréation, quelques instants après]
Frédéric observe les autres élèves rire, courir, s’amuser. Il hésite. Il serre les poings… puis avance lentement vers un petit groupe qui joue au ballon.
Petit sourire timide.
> Frédéric (voix intérieure) :
"Peut-être… aujourd’hui…"
Il lève doucement la main, hésitant.
> Frédéric :
"Je peux jouer… ?"
Un des enfants s’arrête, le regarde de haut en bas, puis recule. Les autres le suivent en ricanant.
> Élève 1 (dégoûté) :
"Nan, va-t’en ! T’es chelou toi…"
> Élève 2 :
"Il parle jamais, il fait flipper…"
> Élève 3 (riant) :
"On joue pas avec les monstres !"
Ils s’éloignent en courant. L’un d’eux lance une pierre vers Frédéric. Elle touche sa jambe. Il recule, se fige. Ses poings tremblent.
---
[ Frédéric, seul près d’un mur]
Il s’accroupit, le regard perdu dans le vide. Des rires résonnent encore autour de lui. Il se mord les lèvres pour ne pas pleurer.
> Voix Off (narrateur, grave et lente) :
"Même dans la lumière du jour… il vivait dans l’ombre."
> Frédéric (voix intérieure) :
"Pourquoi… je suis le seul ?"
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[ Cour de récréation]
Frédéric est toujours assis, seul. Soudain, une balle roule jusqu’à lui. Il relève la tête, surpris. Un éclat d’espoir traverse son regard.
Il se lève doucement, saisit la balle entre ses mains. Il lève les yeux vers le groupe d’enfants au loin.
> Frédéric (voix faible) :
"Vous… vous voulez que je vous la rende… ou je peux jouer avec vous ?"
Mais à peine a-t-il parlé qu’un des enfants crie :
> Élève 1 (écarté et moqueur) :
"BEURK ! T’as touché la balle ! Il l’a salie avec ses mains de monstre !"
> Élève 2 (apeuré) :
"Il a des cheveux rouges… c’est les mêmes que les Rovers…"
> Élève 3 :
"C’est un rejeton des Rovers ! C’est pour ça qu’il est bizarre !"
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[ Les enfants commencent à reculer]
Certains jettent des cailloux. D’autres font des prières, des gestes de purification exagérés. Un des enfants lance même une claque d’air dans sa direction.
> Élève 4 :
"Qu’il s’en aille ! Il va nous maudire avec ses yeux de démon !"
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[ Gros plan sur Frédéric]
Il reste figé. Le vent soulève doucement ses cheveux rouges. Ses yeux brillent d’une douleur profonde. Une cicatrice fine traverse légèrement son œil gauche, vestige d’un ancien accident ou d’une attaque.
Il regarde la balle, puis la serre contre lui. Ses mains tremblent. Il ne dit rien.
> Voix Off (narrateur) :
"Il portait une couleur que le monde associait au mal. Un détail… qui suffisait à l’exclure de l’humanité."
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[Fin de séquence]
Zoom sur son visage. Pour la première fois, on voit ses yeux : profonds, brillants, mais tristes.
Narrateur :
"Le destin ne crie jamais. Il murmure. Dans les salles communes, dans les silences entre deux cours, il tisse lentement les fils invisibles qui relient les âmes."
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Le hasard des salles
Frédéric, nouveau, garde ses distances. Il n’ose pas parler, mais il remarque des visages familiers.
Toujours les mêmes garçons, placés dans les mêmes classes que lui.
Toujours ce regard distant, presque ennuyé, comme s’ils n’appartenaient pas au monde autour d’eux.
Mais ce que Frédéric ignore encore, c’est que chacun d’eux partage un même héritage… et une même cicatrice.
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Kyotaka
Fils d’un homme riche… mais surtout, fils d’un Legendary tombé au combat.
Ses parents sont morts lorsqu’il avait 3 ans.
Depuis, il vit chez son oncle et sa tante, dans un grand manoir silencieux.
Il garde un visage froid, impassible.
Les filles l’adorent, mais lui… il reste dans sa bulle, isolé.
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Jacques
Fils du chef de la police, autrefois lui aussi un Legendary redouté.
Jacques avait 4 ans quand ses parents sont morts en mission contre des Rovers.
Il vit maintenant avec ses grands-parents, très stricts.
Juste et protecteur, il n’aime pas les injustices.
Et même s’il garde le silence… on sent en lui une colère retenue.
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Junior
Le plus agité, le plus bavard.
Mais ce masque cache un vide.
Fils d’un célèbre scientifique Legendary, qui a sacrifié sa vie dans une expérience pour protéger la ville.
Junior avait 9 ans.
Depuis, il vit chez une cousine éloignée.
Il rit fort… pour ne pas pleurer seul.
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Oudra
Silencieux comme l’ombre.
Fils d’un sherif Legendary qui a affronté les pires Rovers.
Il n’avait que 2 ans quand ses parents sont tombés.
Élevé par sa grand-mère dans une maison reculée, il a appris à ne compter que sur lui-même.
Ses mots sont rares, mais quand il parle, chacun écoute.
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Akaza
Calme. Précis. Sombre.
Fils d’un maître dans les arts martiaux, un Legendary du combat au corps-à-corps.
Mort au front quand Akaza avait 5 ans.
Depuis, il vit chez un vieux maître, l’ami de son père.
Il parle peu, agit vite.
Son regard semble lire dans les âmes.
---
> Narrateur :
"Ils ne se parlaient pas.
Mais ils se voyaient.
Et parfois, un silence vaut plus qu’un millier de mots.
Car chacun d’eux, à sa manière… portait un nom.
Un nom éteint, tombé au combat.
Mais aussi… un feu qui ne demande qu’à se rallumer."
Midi.
La cantine était bruyante, remplie d’élèves affamés.
Les six garçons s’étaient installés par hasard à la même table, un peu à l’écart. Aucun ne parlait vraiment, mais une sorte de calme flottait entre eux… comme s’ils se comprenaient sans se connaître.
Frédéric regardait son plateau sans trop y toucher.
Kyotaka observait discrètement les autres.
Jacques grattait sa fourchette contre son assiette.
Oudra mangeait lentement, le regard dans le vide.
Junior pianotait sur son bracelet intelligent.
Akaza reniflait le plat du jour en grimaçant.
> — "J'vous jure… ils veulent nous tuer avec cette bouffe," marmonna Akaza.
C’est là que trois élèves bruyants s'approchèrent, les mêmes perturbateurs de la récréation.
> — "Tiens tiens... La table des solitaires ! Alors comme ça, vous vous regroupez maintenant ? On dirait un club de cas sociaux !"
Les garçons levèrent les yeux en même temps.
Le silence s’installa. Puis… un petit morceau de pain atterrit sur le plateau de Frédéric.
Frédéric, tremblant, serra les poings.
Mais cette fois-ci, il n’était pas seul.
> — "On est là pour manger, pas pour écouter vos âneries," lança Kyotaka d’un ton glacial.
Jacques se leva :
> — "Touchez encore à l’un d’entre nous… et je vous fais avaler ce pain."
Junior sourit, sans lever les yeux :
> — "D’après les règles de sécurité de cette école… en cas d’agression, la riposte est légale."
Oudra posa doucement sa cuillère, puis fixa les trois gars d’un regard noir.
Akaza se leva en s’étirant :
> — "Ok, j’vais digérer un peu avec vous."
Les trois élèves, pris de court par la tension collective, reculèrent.
> — "Tch… on rigolait. Détendez-vous un peu."
Ils repartirent sans demander leur reste.
---
Quelques secondes de silence.
Puis soudain… un fou rire éclata.
C’est Akaza qui lança le premier :
> — "On était carrément coordonnés… on aurait dit un film d’action !"
Jacques rigola :
> — "Et Junior avec ses lois… incroyable."
Frédéric, sans comprendre pourquoi, se mit à rire doucement lui aussi.
C’était la première fois depuis des années.
Même Kyotaka eut un petit sourire :
> — "J’vous préviens… j’vous aime pas encore. Mais c’était stylé."
Ce soir-là, les six garçons quittèrent l’établissement ensemble.
Le soleil commençait à se coucher, et l’air était encore chaud.
Ils marchaient en ligne, chacun un peu dans ses pensées, quand soudain…
> — "Hééé ! Les héros de la cantine !"
Les mêmes élèves que plus tôt apparurent au coin d’une ruelle, accompagnés cette fois de deux autres gars plus costauds.
> — "Vous croyez qu’on allait laisser passer ça ? Vous nous avez humiliés devant tout le monde !"
Kyotaka s’arrêta net.
> — "Vous n’avez pas compris la leçon…"
Jacques craqua les doigts.
Frédéric avança d’un pas.
Akaza souffla :
> — "On les calme et on rentre, j’ai faim."
Junior, concentré, analysait discrètement le terrain.
Oudra, lui, avait déjà attrapé une barre métallique posée contre un mur.
---
Le combat éclata.
Coups de poing, esquives, mouvements précis.
Frédéric bloqua un coup avant de contre-attaquer.
Jacques fit tomber l’un des costauds avec un balayage.
Kyotaka frappa vite et fort.
Akaza riait presque en se battant.
Junior assomma un gars avec une prise maîtrisée.
Et Oudra ? Il protégeait le groupe, calme et efficace.
En moins de deux minutes… le sol était tapissé de gémissements.
> — "Vous êtes… fous…" balbutia l’un d’eux avant de prendre la fuite avec les autres.
---
Essoufflés, les garçons reprirent leur route.
> — "J’ai pas signé pour ça moi," souffla Junior, essuyant sa chemise.
> — "Avoue que c’était stylé," lança Akaza, hilare.
> — "On devrait créer un groupe," murmura Frédéric, à moitié sérieux.
> — "Mmh. Un groupe de survivants, ouais," répondit Jacques.
> — "Un jour… on deviendra peut-être vraiment légendaires," laissa échapper Kyotaka.
Un silence s’installa… mais il n’était plus vide. Il était rempli d’un nouveau lien.
Ils n’étaient plus seuls.
Ils n’étaient plus faibles.
Ils étaient ensemble.
---
> Narrateur :
"Ce jour-là, sans le savoir… une équipe venait de naître.
Pas encore des héros.
Mais des frères d’arme en devenir."
Narrateur :
"Parfois… les plus grands dangers ne viennent pas des ennemis… mais de ceux censés nous protéger."
Le Primus.
Symbole de puissance. Chef des Legendary.
Un homme respecté… du moins en apparence.
Mais ce soir-là, il n’était qu’une ombre imbibée d’alcool, perdu dans ses regrets et son amertume.
Son fils n’avait pas été accepté parmi les Aspirants.
Une blessure d’égo qu’il ne pardonnerait jamais.
Alors il a monté un plan.
Un plan cruel, déguisé en mission d'entraînement.
> Il sélectionna 7 Néophytes(les Legendary niveau débutant).
Et ajouta 1 enfant parmi les Aspirants. Juste pour s’amuser.
Pour se venger.
Parmi eux… Frédéric.
Il avait seulement 12 ans.
Pas encore initié.
Pas encore prêt.
Il portait sur lui un simple couteau de cuisine, cadeau de sa famille adoptive, « au cas où ».
Un objet inutile face à l’enfer qui les attendait.
Ils furent envoyés dans la zone 9, près de l’ancienne vallée.
La mission semblait simple.
Terrasser quelques Rovers faibles. Ramener une preuve. Obtenir une prime et de la reconnaissance.
Les 7 Néophytes étaient confiants.
Ils avaient repoussé les créatures. Certes avec difficulté, mais aucun blessé grave.
Frédéric, lui, était resté en retrait, protégé par un Néophyte plus âgé. Il avait à peine dégainé son petit couteau de cuisine, les mains tremblantes.
> Narrateur :
"Ils pensaient que c'était fini… qu'ils allaient rentrer fiers, glorieux. Mais c’est là que le piège s’est refermé."
Sur le chemin du retour, ils passèrent devant une grotte sombre, à moitié dissimulée par la végétation.
Un des Néophytes s’arrêta :
> « Attendez… c’est quoi ce trou ? »
« Une tanière de Rovers ? »
« Y’en a sûrement encore à l’intérieur. »
> Narrateur :
"Une erreur classique… La soif de reconnaissance peut aveugler même les plus sages."
Malgré la peur, l’envie de prouver leur valeur prit le dessus.
Et puis… plus de Rovers signifiait plus d’argent, plus de respect.
Peut-être même une promotion au rang d’Exalté…
Ils décidèrent d’entrer. Tous.
Frédéric, inquiet, osa murmurer :
> « Peut-être… qu’on devrait pas y aller. »
« Ferme-la, le bébé. Reste derrière, comme toujours. »
Le petit garçon baissa la tête, mais suivit quand même.
Son cœur battait fort.
L’intérieur de la grotte était froid, humide… et étrangement silencieux.
Les murs étaient couverts de marques…
Des symboles Rovers, tracés avec du sang séché.
Des cocons. Des restes humains.
Une odeur de mort.
Et puis soudain…
> GRRRRRRRRRRRRRR…
Une vibration dans le sol.
Un hurlement strident.
Quelque chose approchait.
Quelque chose… de bien plus fort que prévu.
Alors que les néophytes avançaient prudemment dans la grotte, une silhouette apparut dans l’ombre.
Pas un monstre difforme.
Pas une bête sauvage.
Non… un homme.
Mais pas tout à fait humain.
Il était grand, à peine plus âgé qu’un adulte de 20 ans. Il portait une armure noire gravée de glyphes rouges, luisants comme du magma.
Ses cheveux rouges flamboyaient, presque identiques à ceux de Frédéric.
Mais ce qui attira l’attention, c’étaient ses cornes sombres, recourbées vers l’arrière.
Des cornes qu’il fit disparaître d’un simple geste. En une seconde… il avait l’apparence parfaite d’un humain.
> Narrateur :
"Ce n’était pas un Rover ordinaire. C’était un élémentaire de niveau 3… Un des soldats les plus puissants de leur caste."
Il ne portait pas de masque.
Il ne se battait pas.
Il observait.
Il… écrivait.
Des notes, des relevés, des symboles tracés sur les murs… Il faisait des recherches.
Un des néophytes leva son arme :
> « À terre ! Tu es un Rover ! »
Le silence se brisa.
L’homme releva lentement la tête, son regard écarlate plongeant dans celui du jeune soldat.
> « Je ne suis pas ici pour vous. Mais si vous cherchez la mort… je peux vous l’offrir. »
Il esquissa un léger sourire, puis ses yeux se posèrent sur Frédéric.
Un instant figé.
Le jeune garçon, pétrifié, ne pouvait plus respirer.
Son cœur battait plus fort que jamais.
Et alors… le Rover parla, calmement :
> « Toi… Le petit rejeton. Voilà donc pourquoi ils te fuient tous… »
Frédéric recula d’un pas. Il se revit, seul dans la cour du collège. Les moqueries. Les insultes.
Ses cheveux rouges.
Sa cicatrice.
> Narrateur :
"Ce jour-là… Frédéric comprit.
Il comprit pourquoi il était différent.
Il comprit pourquoi il faisait peur."
Le Rover sourit encore, moqueur.
> « Tu as les cheveux de notre sang. Mais tu n’es qu’un enfant fragile avec un jouet en main. Retourne pleurer. »
Frédéric serra le manche de son petit couteau de cuisine.
Ses jambes tremblaient. Son souffle était court.
Le Rover n’avait pas fini de parler.
Il leva doucement la main, et dans un grondement sourd, l’entrée de la grotte se referma dans un fracas de pierre.
Un rideau de roche massive tomba, les plongeant dans une obscurité oppressante.
> « Vous êtes venus troubler mes recherches… Maintenant, assumez. »
Autour d’eux… les statues disposées contre les parois se mirent lentement à vibrer.
Des guerriers de pierre.
Certaines étaient vieilles, érodées… d’autres semblaient fraîches, à peine taillées.
Et pourtant, une à une, elles ouvrirent les yeux.
Des lueurs rouges en leur centre.
Le mana du Rover les traversait.
> Narrateur :
"Ce Rover n’était pas seulement un combattant…
C’était un Forgeron du Néant, un de ceux capables de donner vie à la pierre, au métal, et même à l’oubli."
Une armée silencieuse se leva.
Un néophyte hurla :
> « C’est une embuscade ! On doit fuir ! »
Mais la grotte était close.
Il n’y avait aucune sortie.
Le Rover descendit lentement les marches, retirant les gants de son armure.
> « Vous n’êtes pas des soldats. Vous êtes… des apprentis. Mais vous avez osé perturber une mission sacrée. »
D’un coup sec, il planta son bras dans le sol. Des clones de lui-même jaillirent de l’ombre, à l’identique.
Chacun armé.
Chacun prêt à tuer.
Frédéric, lui, était resté figé.
Son petit couteau tremblait dans sa main.
Il regardait les statues s’animer, les néophytes reculer, les clones encercler…
Et surtout… il regardait le Rover.
Ses cheveux rouges.
Comme lui.
Comme sa malédiction.
> Narrateur :
"Frédéric n’était pas prêt. Il n’avait rien d’un héros ce jour-là.
Il n’avait que la peur… et la colère.
Et parfois… c’est tout ce qu’il faut pour faire naître quelque chose de monstrueux."
Les combats dans la grotte étaient devenus un cauchemar.
Le Rover élémentaire, sauvage et impitoyable, avait déjà terrassé trois néophytes.
Leurs corps gisaient, immobiles, tandis que la peur et la douleur déchiraient ceux qui restaient.
Ils n’étaient plus que cinq. Cinq survivants acculés.
Frédéric, au centre, haletant, le regard brûlé par la souffrance, avait perdu un bras et une jambe lors d’un assaut brutal.
Le sang coulait sur la roche froide, tachant le sol poussiéreux.
Son petit couteau de cuisine, désormais inutilisable, gisait à côté de lui.
Pourtant, le regard de Frédéric ne vacillait pas.
Face à lui, le Rover affichait un sourire cruel, presque moqueur.
> « Tu ne comprends pas, rejeton. »
Sa voix était douce, presque un murmure.
« J’implore ta rage… Embrasse ta nature.
Tes pouvoirs sont bien plus vastes que ce que tu oses imaginer. »
Il s’agenouilla lentement, plaçant une main sur la joue ensanglantée de Frédéric, avec une tendresse déconcertante.
> « Rejoins-nous.
Accepte ta vraie destinée.
Tu es fait pour régner dans ce monde… et moi, je peux t’y conduire. »
Un silence glacial suivit ses mots.
Seule la respiration lourde de Frédéric, mélangée au gout métallique du sang, emplissait la grotte.
Il sentait la colère monter.
La douleur.
La peur.
Le sourire cruel du Rover ne quittait pas son visage.
> « Je vais vous laisser partir. »
Sa voix était calme, presque douce, mais lourde de menace.
« Mais… il doit y avoir un prix. »
Il posa lentement la main sur l’entrée de la grotte.
> « Pour que cette porte s’ouvre, un sacrifice doit rester derrière.
Un seul. »
Le silence tomba sur le groupe.
Deux des néophytes, terrifiés, levèrent les mains en signe d’abandon.
Ils détournèrent le regard, préférant fuir plutôt que de rester.
Deux autres voulurent s’accrocher, refuser ce destin cruel.
Mais Frédéric, avec un effort surhumain, les força à partir.
> « Vous n’avez rien perdu. Pas comme moi.
Je ne peux pas vous retenir.
Partez… »
Ils hésitèrent, puis, le cœur lourd, ils s’éloignèrent vers la lumière du jour.
Frédéric, seul, brisé, regarda la grotte se refermer lentement derrière eux.
Un grondement sourd résonna tandis que la pierre massive se déplaçait, bloquant la sortie.
Le passage se réduisait, jusqu’à disparaître.
Le monde extérieur se fermait à lui.
Les statues de soldats et guerriers s’animaient lentement, leurs yeux froids brillaient d’une lueur sinistre.
Ils encerclaient Frédéric, implacables, avançant sans pitié.
Leurs frappes étaient précises, brutales. Chaque coup le faisait tomber, se relever, puis tomber à nouveau.
Son corps meurtri saignait, ses forces l’abandonnaient.
Il sentait la douleur lui déchirer chaque muscle, chaque os.
Puis, dans un dernier assaut, un guerrier leva son arme pour l’achever.
Frédéric, haletant, la voix cassée, cria :
> « Je ne veux pas mourir ! »
Soudain, le monde s’effaça.
Il tomba dans un vide total, une obscurité profonde et infinie.
Devant lui apparut un immense portail noir, orné d’un symbole familier : le même que celui collé sur son cou.
Instinctivement, il posa sa main sur ce symbole au centre du portail.
Un grondement sourd retentit.
La porte s’ouvrit lentement, laissant passer un vent puissant qui sembla l’aspirer.
De retour dans la grotte, un éclat violet intense émana de Frédéric.
Son mana, brûlant d’une puissance inconnue, jaillit en flamme violette, dévorant les armes des statues ennemies.
Le feu violet consumait tout sur son passage, rendant les armes inutilisables, réduisant la menace à néant.
Dans la grotte plongée dans la poussière et les flammes, le silence s’abattit brutalement.
Les statues, autrefois invincibles, venaient d’être réduites en cendres en un instant.
Et pourtant… Frédéric, lui, ne bougeait plus.
Son corps, brisé, gisait au sol. Plus de bras. Plus de jambe. Évanoui, vidé.
Mais quelque chose se tenait là.
Quelque chose d’ancien… de terrifiant.
Un ricanement rauque résonna dans l’obscurité.
Des flammes violettes s’enroulèrent autour du corps de Frédéric.
Puis, ses yeux s’ouvrirent, lents… mais entièrement violets.
Une voix arrogante, profonde, se fit entendre, résonnant depuis le fond du corps :
> « Quelle misère… Quelle pathétique humanité. Toujours à ramper, toujours à supplier. »
C’était Hachira, le mana ancestral enfermé depuis toujours dans le corps de Frédéric.
Un être puissant, aux intentions sombres.
Il se leva lentement, dominant l’espace. Autour de lui, l’air semblait trembler.
Le corps mutilé de Frédéric bougea sans effort, animé par une force qui n’était pas la sienne.
> « Ce monde mérite de brûler. Et toi, misérable Rover… Tu n'es qu'une ombre. »
Le Rover, surpris, restait figé devant cette manifestation de pouvoir.
Il comprenait à qui il avait affaire : pas à un simple gamin, mais à l’un des Esprits Primordiaux.
Un Hachira.
Dans un seul geste, une onde de choc violette fit s'effondrer ce qu’il restait des murs de la grotte.
Tous les guerriers de pierre s’étaient déjà effondrés, désintégrés par la puissance incontrôlable.
Mais Hachira ne s’arrêta pas là.
> « Tu crois que je vais guérir ce corps ? Pour qu’il survive ? Pff… Inutile. Je n’ai pas besoin d’un porteur faible. »
Mais alors qu’il s’apprêtait à se retourner, un projectile magique du Rover fusa vers lui.
Par pur réflexe, Hachira activa un sort défensif, émettant un cercle violet autour du corps.
Un halo de lumière traversa Frédéric.
Et… son bras repoussa. Puis sa jambe. Lentement.
Les blessures mortelles… se régénéraient.
Hachira grimaça.
> « Tch… Quelle erreur… »
Il ne voulait pas sauver ce garçon. Il avait juste voulu se défendre.
Mais trop tard. Le corps de Frédéric était presque entièrement restauré.
Alors que les dernières flammes violettes se dissipaient dans l’air, et que les statues calcinées n’étaient plus que des débris fumants, le Rover au regard rouge sang s’approcha lentement de Frédéric, ou plutôt… de Hachira.
Il ne souriait plus par moquerie, mais par excitation.
> « Enfin… Quelqu’un à ma hauteur. »
Ses yeux brillaient d’un éclat bestial, son corps vibrant d’impatience. Il fit craquer ses jointures, avança d’un pas.
> « T’es pas comme les autres humains… T’es un problème. Et j’adore les problèmes. »
Hachira, dans le corps de Frédéric, tourna lentement la tête vers lui, un sourire narquois aux lèvres :
> « Tu n’es qu’un jouet. Je n’ai même pas besoin de me battre sérieusement. »
L’ambiance était tendue. Le combat semblait inévitable.
Mais…
Soudain, un symbole rouge s’illumina dans le cou du Rover, pulsant d’un éclat vif.
Il s’immobilisa, les yeux écarquillés. Sa mâchoire se crispa.
> « …Tch. »
Une voix glaciale, inaudible pour les autres, résonna dans sa tête.
> "Reviens immédiatement. Tu n'as pas l'autorisation. Ce n’est pas encore le moment."
Le Rover grogna, recula d’un pas. Il lança un dernier regard à Hachira, puis vers Frédéric encore évanoui.
Il éclata de rire, un rire plus sincère cette fois.
> « On se reverra, rejeton. Et ce jour-là, j’espère que ce ne sera pas ce parasite violet qui me fera face… mais toi. »
Puis, il disparut dans un éclair de flammes rouges, ne laissant derrière lui que la puanteur du soufre et une tension glacée.
Après le départ du Rover, la grotte resta silencieuse. Le feu violet dansait encore dans les fissures des murs, comme un écho à la rage qui venait de s’y déchaîner.
Au centre, Frédéric restait debout… mais ce n’était plus vraiment lui.
Son corps était drapé d’une aura violette, ses yeux ne lui appartenaient plus.
C’était Hachira qui parlait, Hachira qui respirait, Hachira qui tenait debout.
Il contempla les cendres des statues, son regard méprisant balayant les lieux comme un roi devant un champ de ruines.
> « Pathétique... Ce monde est si faible. Si ridicule... Bientôt, je ne serai plus enfermé. »
Mais soudain, une douleur étrange parcourut son hôte.
Le corps de Frédéric, trop faible, trembla. Ses muscles contractés, à bout de forces, ne pouvaient plus supporter la pression du mana pur.
> « Tch... Ce corps de misérable enfant ne peut pas me contenir plus longtemps. »
Une fissure lumineuse apparut dans le torse de Frédéric. Hachira leva les yeux au ciel, frustré.
> « Je reviendrai… Et ce monde… pliera le genou. »
Dans un souffle d’énergie sombre, Hachira quitta le corps de Frédéric, sa forme violette disparaissant comme une ombre chassée par la lumière.
Aussitôt, Frédéric s’effondra, le visage pâle, inconscient, baignant dans une mare de sang et de poussière.
Son bras et sa jambe manquants, son souffle à peine perceptible…
Mais il était en vie.
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