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Les Fils Du Chaos

Chapitre 1 : La Villa Écarlate

Chapitre 1 : La Villa Écarlate

Il était minuit passé quand Eden franchit le portail en fer forgé de la Villa Écarlate. Une de ces demeures perdues dans les hauteurs de Cannes, perchée comme une provocation au reste du monde. L’air était lourd de chaleur, saturé par l’odeur du sel, de la sueur, du parfum cher et de l’alcool qui collait à la peau.

La musique cognait, grave et sale, comme une pulsation cardiaque géante. Derrière la piscine illuminée de LED roses, des corps dansaient, s’embrassaient, se mêlaient dans une transe étrange, ivre de champagne et de poudre blanche. Elle n’avait jamais rien vu de pareil. C’était son premier été ici, son premier été dans leur monde.

« Tu viens ou tu comptes baver toute la soirée comme une touriste ? » lança Ayana, cigarette aux lèvres, robe en soie noire fendue jusqu’à la hanche.

Eden sourit, mal à l’aise. Elle se sentait petite dans sa robe Zara au milieu de ces créatures Dior et Saint Laurent. Ayana attrapa sa main et l’entraîna à l’intérieur, parmi la foule. Les murs vibraient, les visages flous, les regards flous, mais l’ambiance était nette : sexe, fric, et oubli.

Léo était là. Torse nu, les cheveux mouillés de sueur, une trace blanche encore fraîche sur sa narine. Il riait fort avec Maxence, un verre à la main, une blonde sur ses genoux, une main sous sa robe. Il ne remarqua pas tout de suite Eden, puis leva les yeux — et la fixa. Un peu trop longtemps. Elle sentit ses jambes trembler.

« Qui c’est ? » demanda-t-il à Ayana, sans la lâcher des yeux.

« Eden. Nouvelle. Riche aussi. Pas idiote. »

Léo sourit. Il avait ce genre de sourire qui donnait envie de tout lâcher, tout de suite. Elle détourna les yeux, mais trop tard : il l’avait déjà marquée. Et lui, c’était le genre de mec qui ne posait jamais une question sans connaître la réponse.

« Viens, je te présente les autres », dit Ayana.

Dans le salon immense, sous un lustre en cristal italien, Cassie dansait. Elle bougeait comme une vague en flammes, sublime et impitoyable. Tous les regards étaient pour elle, sauf ceux qu’elle ne voulait pas. Elle était la reine, la muse, la fille que toutes détestaient en secret, et que tous voulaient s’envoyer.

Zoé était accoudée au bar, en train d’embrasser une autre fille — une inconnue. Elle rompit le baiser, se versa un shot de tequila, et le jeta d’un coup. Quand elle vit Eden, elle haussa un sourcil.

« Encore une ? Ils recrutent dans les lycées maintenant ? »

Ayana leva les yeux au ciel. « Ta gueule, Zoé. »

Eden sourit timidement. Elle sentait tous les regards sur elle. Pesants, intenses. Pas de place pour l’erreur ici. Un faux pas, et tu dégages. C’était la règle non écrite de ce cercle doré.

Quelques heures plus tard, elle était assise sur le bord de la piscine, les pieds dans l’eau, un joint entre les doigts, la tête qui tournait un peu. Léo s’approcha, seul cette fois.

« Alors, Eden, c’est quoi ton truc ? Les livres ? Les bad boys ? Les overdoses romantiques ? »

Elle rit, sans savoir si c’était nerveux ou sincère.

« J’en sais rien encore. Et toi ? C’est quoi ton truc ? »

Il se pencha, son visage si proche qu’elle sentait l’odeur de sa peau, le cuir, la vodka, le danger.

« Moi, j’aime briser les choses belles. »

Il dit ça comme une blague, mais elle sut que ce n’en était pas une. Et elle aurait dû fuir. Mais elle sourit. Parce qu’on ne fuit pas les flammes quand on veut brûler.

Cassie, au loin, les observait. Une coupe de champagne à la main. Le sourire figé, glacé. Elle connaissait ce regard de Léo. Et elle savait ce qui allait suivre.

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Chapitre 2 : Premiers Frissons, Premiers Dangers

Chapitre 2 : Premiers Frissons, Premiers Dangers

Eden ne dormit pas cette nuit-là. Elle resta éveillée, allongée sur un transat au bord de la piscine, les yeux ouverts sur le ciel noir, à écouter les derniers râles de la fête qui s’éteignait lentement. La villa reprenait son souffle, comme un monstre assoupi après avoir dévoré ses proies.

Autour d’elle, des corps s’étaient effondrés ici et là. Cassie dormait sur un canapé en marbre, les talons encore aux pieds, une bouteille vide entre les jambes. Maxence ronflait sur le tapis, torse nu, un sourire béat figé sur ses lèvres. Des filles qu’elle ne connaissait pas s’étaient éparpillées dans les chambres à l’étage, nues ou à moitié déshabillées, le mascara coulé, les cuisses collantes de sexe et d’alcool.

Mais Eden était encore là. Lucide. Trop peut-être. Elle revoyait les yeux de Léo dans la pénombre. Ce regard qui avait glissé sur elle comme une lame. Il n’avait rien dit de plus après son aveu étrange. Il s’était contenté de sourire, puis de s’éloigner sans un mot. Comme un test. Et elle n’avait pas bougé. Comme une idiote.

Vers six heures, le soleil s’est levé doucement. Eden se leva, récupéra ses sandales, traversa la villa pieds nus. Elle évita les cadavres de fête, les taches de vin, les capotes usées. Elle entra dans la salle de bain du rez-de-chaussée, se lava le visage, redressa ses cheveux dans le miroir fêlé. Elle ne se reconnaissait pas. Elle avait l’air plus vieille. Plus sale. Mais aussi… plus vivante.

Quand elle ressortit, Cassie était debout, encore en robe, le visage fermé, une clope au bec.

« Belle entrée. Tu sais ce que t’as déclenché hier soir ? » lança-t-elle froidement.

Eden fronça les sourcils. « Pardon ? »

Cassie s’approcha, écrasa sa cigarette dans une coupelle en cristal.

« Léo. Il t’a regardée. Il ne regarde jamais les nouvelles. Il les baise, il les jette, mais il ne les regarde pas. Toi, il t’a regardée. »

Eden haussa les épaules. « Je lui ai pas demandé de le faire. »

Cassie se pencha vers elle, son parfum — un mélange de vanille, d’herbe et de poison — l’enveloppant tout entier.

« Je te préviens, Eden. Il n’aime que les filles qu’il peut casser. Et moi, j’ai déjà été cassée. Alors si tu penses pouvoir te la jouer petite princesse dramatique, je te conseille de courir maintenant. »

Eden la regarda droit dans les yeux. Elle aurait dû trembler. Mais elle sentit une colère froide monter en elle. Une envie de résister. De voir jusqu’où ça pouvait aller.

« Je suis pas une princesse. Et je ne cours pas. »

Cassie la fixa, silencieuse, puis éclata de rire.

« Parfait. Tu vas adorer l’enfer. »

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Trois jours plus tard, ils étaient à Saint-Tropez. La Villa Écarlate avait été troquée contre un yacht de 40 mètres. Champagne dès dix heures, lignes de coke à midi, baise dans les cabines, selfies à rallonge. Tout était codé, orchestré, filtré pour paraître libre, alors que tout n’était qu’image, contrôle et excès calculé.

Eden, elle, se laissait porter. Par le rythme. Par les regards. Par l’attente. Léo l’avait ignorée depuis cette nuit-là, comme s’il n’avait jamais existé entre eux ce court moment de tension. Mais elle le voyait. Il l’observait quand il pensait qu’elle ne regardait pas. Il se rapprochait parfois, frôlait sa main, son bras. Juste assez pour laisser une trace.

Ayana la prit à part un soir, sur le pont, pendant que Maxence chantait faux avec une bouteille de gin à la main.

« Il fait toujours ça. Il te teste. Si tu tombes, il te laisse. Si tu fuis, il te rattrape. Si tu restes… tu deviens comme Cassie. »

Eden regarda Léo de loin. Il embrassait une autre fille. Une mannequin. Parfaitement nue. Il avait l’air absent, presque mécanique.

« Et toi ? Tu es tombée ? » demanda Eden.

Ayana sourit tristement. « Non. Moi, je l’aimais trop pour tomber. »

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Le soir même, Eden retrouva Léo seul sur la plage arrière du yacht. Il fumait, torse nu, les pieds dans l’eau.

« Tu comptes encore me regarder comme si j’étais un film d’horreur ? » lança-t-il sans se retourner.

Elle sourit. « Peut-être. Les films d’horreur, c’est ce qu’il y a de plus vrai, parfois. »

Il se retourna lentement. La lune baignait son visage d’une lumière pâle. Il la regarda longtemps, sans rien dire.

Puis il s’approcha. Très près. Trop près.

Il posa une main sur sa nuque. Elle ne recula pas.

« Si tu me touches, je te brise », murmura-t-il.

« Si tu me brises, je saigne sur toi », répondit-elle.

Le baiser fut violent. Fiévreux. Malsain. Vrai. Un cri dans la nuit, une morsure dans le silence. Elle sentit tout son corps chavirer, brûler, imploser. Il la plaqua contre le métal chaud du yacht, ses mains sur sa peau, ses dents contre sa gorge. Elle lui griffa le dos, se perdit en lui. Ils s’envoyèrent en l’air comme deux bombes humaines, entre rage et passion, jusqu’à ce que le monde entier disparaisse.

Et quand ce fut fini, il la regarda avec des yeux presque tristes.

« T’es foutue maintenant », dit-il simplement.

Et elle sut qu’il avait raison.

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Chapitre 3 : Le Jeu Commence

Chapitre 3 : Le Jeu Commence

Le lendemain matin, Eden se réveilla seule dans la cabine. La mer était calme, mais son cœur, lui, battait à toute vitesse. Les draps étaient froissés, encore chauds du corps de Léo. Son odeur flottait partout : sexe, tabac, sueur, et danger.

Elle se leva lentement, nue, le corps endolori mais encore brûlant de la nuit passée. Elle avait envie de sourire, de pleurer, de hurler. Elle avait franchi la ligne. Elle ne savait pas encore si c’était un triomphe ou une condamnation.

Quand elle monta sur le pont, personne ne fit attention à elle. Comme si rien ne s’était passé. Comme si elle n’était qu’un nom de plus dans le carnet noir de Léo.

Cassie sirotait un smoothie, lunettes de soleil vissées sur le nez, parfaitement maquillée malgré la gueule de bois. Elle jeta un œil à Eden et eut un petit sourire narquois.

« Bienvenue dans le club des filles foutues. »

Eden se força à ne pas répondre. Elle traversa le pont en silence, le dos droit, le regard froid. Elle n’avait pas le luxe de la faiblesse. Pas ici.

Elle retrouva Ayana assise à l’arrière, pieds dans l’eau, regard perdu dans l’horizon.

« Tu regrettes ? » demanda Ayana sans même se tourner.

« Tu veux que je dise oui, pour me protéger ? » répliqua Eden.

Ayana se retourna, l’observa.

« Non. Je veux juste que tu sois prête. Parce qu’avec Léo, tout commence avec un baiser. Et tout finit par une chute. »

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La journée passa dans un flou d’ivresse et de chaleur. Les filles bronzaient seins nus, les garçons faisaient des concours de plongeon. Zoé avait ramené deux jumeaux brésiliens à bord. Cassie riait fort, mais ses yeux restaient rivés sur Léo et Eden.

Maxence, comme toujours, jouait les médiateurs. Il s’approcha d’Eden avec son sourire charmeur, un verre à la main.

« Il t’a eu, hein ? »

Eden le regarda, méfiante. « De quoi tu parles ? »

« De Léo. Il est comme une drogue. La première fois, c’est magique. La deuxième, tu te demandes pourquoi tu fais ça. La troisième, t’es déjà en train de crever. »

Elle haussa les épaules. « Je suis grande. Je gère. »

Maxence sourit tristement. « On dit tous ça au début. »

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Ce soir-là, ils débarquèrent à terre pour une fête dans une villa privée, près de Ramatuelle. Une de ces maisons hors du temps, perchée sur une falaise, avec des sculptures en marbre, une piscine en forme de cœur, et du caviar à volonté.

Eden portait une robe noire si fine qu’elle en devenait obscène. Léo n’avait rien dit depuis le matin, mais il la regardait. Chaque mouvement, chaque rire, chaque verre bu, il l’absorbait comme un fauve en chasse.

Cassie, elle, était collée à un acteur connu, genre beau, riche, vide. Elle le suçait presque du regard, mais c’était Eden qu’elle surveillait vraiment. Le jeu venait de commencer.

Vers deux heures du matin, la fête tourna. Quelqu’un sortit une boîte de pilules multicolores. Des corps commencèrent à trembler, à s’embrasser, à s’effondrer. La réalité devenait molle, sucrée, étouffante.

Eden se sentit partir. Lentement. Comme si l’eau montait en elle. Maxence lui tendit un verre. Elle le but. Léo l’attrapa par le bras au moment où elle s’apprêtait à danser.

« Pas ce soir. »

Elle le regarda, confuse. Il avait les traits durs. La mâchoire crispée.

« Je fais ce que je veux. »

« Pas avec ce qu’il y avait dans ton verre. Maxence déconne parfois. »

Elle rit. Un rire creux.

« Tu te soucies de moi maintenant ? »

Il la regarda longtemps. Un silence brûlant entre eux.

« T’es pas prête pour cette chute-là. »

Puis, sans prévenir, il l’attira contre lui, la porta presque hors de la villa, jusqu’à un petit balcon à l’écart. Là, il la plaqua contre le mur, doucement cette fois.

« Je devrais te fuir. »

Elle répondit dans un souffle. « Mais tu ne peux pas. »

Le baiser fut différent cette fois. Moins brutal. Plus précis. Plus vrai. Comme s’ils se cherchaient, se découvraient. Ses mains sur elle étaient lentes, possessives, tremblantes. Comme s’il avait peur de la casser trop vite.

Ils firent l’amour là, sur ce balcon, sous les étoiles, les rumeurs de la fête en fond sonore. Pas comme des ados en chaleur. Comme deux âmes qui savaient qu’elles allaient se blesser, mais qui sautaient quand même.

Quand ce fut fini, Eden resta contre lui, les yeux fermés. Léo murmura :

« Tu ne devrais pas me faire confiance. »

Elle répondit sans ouvrir les yeux :

« C’est trop tard pour ça. »

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