La neige recouvre la terre comme une fine couche de pâte blanche.

Je déteste l’hiver. Ce froid qui s’infiltre partout, ce silence glacé qui semble figer le monde. Et pourtant… c’est précisément à cette période que je l’ai vu pour la première fois.

Lui. Haru.

Mon cœur, comme frappé par une note invisible, a capté sa présence aussitôt. Il n’avait rien dit. Il n’avait même pas croisé mon regard. Mais je savais déjà.

Je suis tombée amoureuse.

Lui, Haru, le garçon le plus populaire du lycée.

Et moi ? Une fille ordinaire, invisible aux yeux du monde…

Ai-je la moindre chance de conquérir son cœur ?

La neige tombait délicatement, telle une pluie cristalline, recouvrant le sol d'un manteau blanc immaculé. Je déteste l'hiver, cette saison où le froid s'installe avec une rigueur implacable. Je suis Mei Oriki, une jeune fille tout à fait ordinaire, résidant à Hokkaido.

L'été dernier fut véritablement catastrophique. Suite à une plaisanterie orchestrée par un élève de seconde, le Bureau Des Élèves avait décidé d'organiser un voyage scolaire en pleine période hivernale. Ma vie se résumait alors à contempler, de loin, mes camarades s'éclater sur cette neige insouciante.

« Mademoiselle Oriki, que faites-vous ici sans aucune activité ? Allez donc faire du ski avec les autres ! » s'exclama M. Kai, mon professeur.

« Mais je... D'accord, je vais de ce pas », répondis-je, un peu hésitante.

Une fois mon équipement enfilé, je ne pouvais m'empêcher d’admirer le paysage enchanteur et la pente vertigineuse. Mes jambes tremblaient sous la pression. Dans un moment d'inadvertance, je me lançai sur les pistes, mais je perdis rapidement le contrôle de mes membres.

Hurlant à pleins poumons un « au secours ! », je vis les autres skieurs se précipiter pour m'aider, mais ma vitesse était trop grande. Je me dirigeais droit vers une falaise…

« C'est ainsi que je vais mourir… » pensais-je désespérément.

Soudain, un skieur d'une rapidité fulgurante surgit pour interrompre ma chute. C'était nul autre que Haru, le garçon le plus populaire du lycée. À cet instant précis, son visage était si proche du mien que j'entendais battre mon cœur à des kilomètres à la ronde, mes joues s'empourprant de gêne.

Haru m'afficha un sourire élégant et me dit : « Tu n’as rien, petite écervelée. »

« Non, tout va bien », répondis-je, tentant de masquer ma confusion.

« Fais attention la prochaine fois », ajouta-t-il avec un air taquin.

« À toi aussi », répliquai-je, me rendant compte de la légèreté de ma réponse.

Peu après, Haru retourna skier avec les autres, tandis que mes pensées commençaient à s'éclaircir.

Le lendemain, l'heure tant attendue du départ était enfin arrivée. Tous les élèves montèrent dans le bus, et je ne pouvais contenir mon impatience de rentrer chez moi. De loin, j'aperçus Haru assis à l'avant avec ses amis, l'air joyeux. Mon cœur fit un bond rien qu'en le regardant.

« Est-ce cela qu'on appelle l'amour fou ? Je désire le conquérir, mais avec toutes ces filles qui gravitent autour de lui, c'est impossible… à moins que… »

Le trajet prit fin et chacun descendit pour regagner son foyer. À mon arrivée chez moi, je découvris que j'étais seule, hormis Sissy, ma chatte. Éreintée, je me laissai tomber sur mon lit réconfortant et m'endormis aussitôt.

Après une nuit réparatrice, une idée germa dans mon esprit : élaborer un plan pour me rapprocher d'Haru. Le lendemain au lycée, je me faufilai discrètement vers son casier et y déposai une lettre accompagnée d'un petit cadeau. Convaincue d'avoir bien agi, je fus surprise par une voix masculine qui m'interpella.

« Eh toi ! Que fais-tu dans mon casier ? »

« Ton casier ? Attends, ce n'est pas censé être celui d'Haru… Et toi, qui es-tu ? »

« Je suis le propriétaire. Encore des filles qui me confondent avec lui », répondit-il avec une voix imposante.

Je me retournai alors, intriguée par cette voix si semblable à celle de Haru. À ma grande stupéfaction, je découvris un garçon qui lui ressemblait étrangement…

Je restai figée, le cœur battant, en face de ce garçon qui semblait être un reflet de Haru. Ses cheveux noirs étaient légèrement en désordre, et ses yeux, d'un bleu profond, avaient une lueur intense, mais distante.

« Je suis Yuki, le frère jumeau d'Haru », se présenta-t-il, sa voix neutre et son expression impassible me déconcertant. « Et toi, tu es… ? »

« Mei Oriki », répondis-je, encore sous le choc. « Je… je pensais que c'était le casier d'Haru. »

Yuki haussait un sourcil, son regard scrutateur me mettant mal à l’aise. « Pourquoi laisses-tu une lettre dans son casier ? »

Mes joues s'empourprèrent instantanément. Je n'avais pas prévu de devoir expliquer mon geste à un jumeau qui pouvait très bien rapporter mes intentions à Haru. « Eh bien… c'était juste un petit mot pour lui dire que j'ai apprécié notre rencontre sur les pistes. Rien de sérieux, vraiment ! »

Il me regarda longuement, son expression toujours froide. « Juste un petit mot, hein ? » dit-il d’un ton qui ne laissait rien transparaître. « Tu sais qu’il est assez occupé avec le basket. »

Je sentais la pression monter alors que je cherchais mes mots. « Oui, je sais… mais je pensais que… peut-être… »

« Écoute », coupa-t-il brusquement. « Si tu veux lui passer cette lettre, je peux t'accompagner au gymnase. Mais ne t'attends pas à ce qu'il réagisse comme tu l'espères. »

Sa franchise me frappa. Je n'étais pas sûre de vouloir entendre cela, mais quelque chose en moi savait que je devais prendre le risque. « D'accord », répondis-je finalement, ma détermination prenant le dessus sur ma peur.

Nous nous dirigeâmes vers le gymnase dans un silence pesant. Yuki marchait à mes côtés, son attitude distante me laissant perplexe. Je me demandais comment deux frères pouvaient être si différents.

Arrivés au gymnase, j’aperçus Haru en train de s’entraîner avec ses coéquipiers. Il était si concentré, son visage déterminé sous la lumière des néons. Mon cœur s’emballa à la vue de son sourire éclatant lorsqu’il marquait un panier.

« C’est le bon moment », murmura Yuki en me poussant doucement vers l’avant, mais sans chaleur dans sa voix.

Je respirai profondément et m’avançai vers lui. Lorsque Haru tourna la tête et croisa mon regard, un sourire apparut sur son visage.

« Mei ! Que fais-tu ici ? » demanda-t-il, visiblement surpris.

« Euh… je voulais juste te donner ça », dis-je en tendant la lettre.

Il prit la lettre avec curiosité et la regarda avant de plonger son regard dans le mien. « Qu’est-ce que c’est ? »

« Juste un petit mot pour te remercier… pour hier », répondis-je, ma voix tremblante.

Haru ouvrit la lettre et commença à lire. Pendant ce temps, je sentais Yuki derrière moi, observant la scène avec une expression neutre, comme s'il n'était pas vraiment intéressé par ce qui se passait.

Quand Haru eut fini de lire, il leva les yeux vers moi et son expression changea. « C’est vraiment gentil de ta part, Mei. J’ai adoré te rencontrer aussi. »

Mon cœur fit un bond alors qu’il continuait : « Tu devrais venir au prochain match. J’aimerais que tu sois là. »

Je ne pouvais pas croire ce que j’entendais. « Vraiment ? Je… je serais ravie ! »

Yuki se tenait toujours là, immobile comme une statue, sans montrer aucune réaction à l’échange entre nous. Je me demandais ce qu’il pensait réellement de tout cela.

« Super ! Je te garde une place au premier rang », ajouta Haru avec un clin d'œil avant de retourner à son entraînement.

Je me retournai vers Yuki, mon visage rayonnant de joie malgré sa présence froide. « Merci de m'avoir aidée à lui parler », dis-je en essayant de capter un peu d'enthousiasme chez lui.

Il haussait les épaules, son regard détaché. « Pas de problème. Mais n’oublie pas que Haru est souvent distrait par le basket. Ne prends pas trop ses mots pour argent comptant. »

Je plissai les yeux, intriguée par sa remarque et par la distance qui semblait exister entre lui et son frère. « Tu sembles vraiment sûr de toi sur ça », dis-je avec un brin de défi.

Yuki me dévisagea un moment avant de répondre d’un ton neutre : « Je connais mon frère mieux que quiconque. Il est bon dans ce qu'il fait, mais il a ses propres luttes. »

Je n’étais pas sûre de ce que cela signifiait, mais je sentais qu’il y avait plus sous cette surface froide qu’il ne voulait bien montrer.

« Peut-être que je pourrais aussi apprendre à connaître ton côté… plus chaleureux », tentai-je avec un sourire léger.

Il resta silencieux un instant avant de tourner les talons et de s’éloigner lentement vers la sortie du gymnase, laissant derrière lui une atmosphère d’incertitude.

Alors que je regardais Haru s'entraîner, je réalisai que si Yuki était distant et froid, il y avait quelque chose d’intrigant chez lui que je voulais comprendre. Mais pour l’instant, c’était Haru qui captivait toute mon attention…