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Un Amour Grandissant

Chapitre 1 — Ce goût amer dans la bouche

Le bruit d’un téléphone qui vibre. Des talons qui claquent sur le parquet. Une porte entrouverte.

Et puis le silence.

Su Qiao se tenait là, figée, les yeux grands ouverts. Son cœur battait si fort qu’elle en avait mal à la poitrine. Devant elle, sur le canapé de son salon, son petit ami… et une autre femme. Demi-nus. Coupables, mais pas surpris.

— Qiao… Ce n’est pas ce que tu crois, tenta-t-il maladroitement, se redressant précipitamment.

Mais elle ne répondit pas. Elle attrapa un coussin, puis le jeta violemment en pleine figure de l’homme.

— Tu penses que je suis stupide ?! hurla-t-elle, la voix tremblante de rage. Deux ans. Deux ans de mensonges, pour finir comme ça ?!

L’autre femme se rhabilla rapidement et fila sans un mot. Lui resta là, pitoyable, les cheveux en bataille, tentant de la retenir par le bras.

— Lâche-moi.

Elle le repoussa d’un coup sec et tourna les talons sans se retourner.

Elle ne versa pas une larme. Pas maintenant. Plus maintenant.

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— Ce soir, je veux me détruire. J’ai besoin de boire jusqu’à ne plus me souvenir de son prénom, dit-elle d’un ton tranchant en entrant dans le bar, tirant Xu Jia par la main.

— Tu sais que c’est une très mauvaise idée, hein ? lança son amie, même si elle la suivait déjà jusqu’au comptoir.

— C’est le but.

Les verres s’enchaînèrent vite. Trop vite. Vodka, tequila, cocktails colorés au nom douteux. Su Qiao riait fort, parlait trop, renversait la moitié de ses boissons. Elle semblait libérée, mais quelque chose dans son regard restait brisé.

— Tu veux que je te dise, Jia ? Les hommes… c’est fini. FINI. Ils servent à rien, sauf à briser les cœurs.

— C’est vrai, dit Jia en haussant les épaules. Mais ils ont parfois de bons bras et de jolis visages…

— Justement.

Su Qiao se leva soudainement, titubant dangereusement. Elle balaya la salle du regard.

— Je vais prouver que je m’en fous. Je vais embrasser le premier mec que je croise. BAM !

— QIAO NON !

Mais c’était trop tard.

Ses pas la menèrent jusqu’à un homme assis seul dans un coin du bar, accompagné d’un assistant qui lui montrait des documents sur une tablette. Costume noir, chemise immaculée, regard calme et détaché. Un homme qui ne semblait pas à sa place dans ce genre d’endroit.

Et justement, c’était parfait.

— Hé toi… murmura Qiao en s’approchant.

Lin Zeyan leva les yeux, surpris. Il haussa un sourcil face à cette jeune femme aux joues rouges et à l’allure incertaine.

— Vous me connaissez ?

— Pas encore, souffla-t-elle. Mais t’as une belle tête pour un baiser.

Avant qu’il ne puisse réagir, elle se pencha et l’embrassa à pleine bouche.

L’assistant faillit faire tomber la tablette.

Zeyan se figea, le regard glacé.

Mais Su Qiao recula… tituba…

Et vomit sur lui.

— OH MON DIEU ! s’écria Jia, morte de rire, brandissant son téléphone pour filmer. QIAO C’EST PAS POSSIBLE !

— Monsieur Lin ! balbutia l’assistant, horrifié.

Zeyan essuya lentement sa veste, sa mâchoire serrée. Il se leva sans un mot.

— On rentre.

— Mais votre… costume…

— Laisse tomber.

Avant de quitter les lieux, il jeta un dernier regard à Su Qiao, qui s’était affalée sur une chaise, inconsciente, un filet de bave au coin des lèvres.

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Le lendemain matin, Su Qiao se réveilla avec un marteau-piqueur dans le crâne et un goût immonde dans la bouche.

— Urgh… qu’est-ce que j’ai…

Elle se leva difficilement, trébucha jusqu’à la salle de bain, et… hurla.

Son téléphone clignotait. Une vidéo l’attendait. De Jia.

Elle ouvrit.

Elle regarda.

Elle cria.

— NON. NON. NON. PAS ÇA.

Le baiser. Le vomi. L’homme.

— Je veux mourir. Enterrez-moi vivante.

Mais pas le temps pour la honte : elle devait aller bosser.

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Elle arriva à l’imposant bâtiment de L&H Fashion Group en courant, serrant son tote bag contre elle. Le hall était en effervescence. Un nouveau PDG venait de reprendre l’entreprise suite au décès du président fondateur.

— T’as entendu ? Lin Zeyan, le petit-fils du fondateur, reprend tout.

— Je l’ai vu. Il est… wow. Mais il fait flipper.

Su Qiao s’en moquait royalement. Elle voulait juste se cacher dans son bureau de l’équipe design et disparaître pour les dix prochaines années.

Mais le destin avait décidé de la torturer.

— Qiao ! appela son chef de projet. Viens. Je vais te présenter le nouveau PDG. Il veut rencontrer tout le personnel clé de chaque département.

Elle se figea.

Et le vit.

Lui.

Costume impeccable. Regard froid. Posture d’un homme né pour diriger.

C’était lui.

L’homme du bar.

L’homme qu’elle avait embrassé.

L’homme sur lequel elle avait vomi.

— Voici Su Qiao, assistante designer. Très douée.

Zeyan la fixa. Longuement. Très longuement.

Qiao, elle, priait pour qu’un trou s’ouvre sous ses pieds.

Mais elle prit une inspiration, colla un sourire sur son visage et s’inclina légèrement.

— Enchantée, monsieur Lin. Ravie de faire votre connaissance.

Il la scruta, impassible. Puis répondit froidement :

— Hm. C’est réciproque… je suppose.

Elle hocha la tête, fit une révérence rapide, et fila sans se retourner.

Ne pas paniquer. Ne pas courir. Ne pas crier.

Mais une seule chose tournait dans sa tête :

Pourquoi… il a fallu que ce soit LUI ?

Chapitre 2 – Un regard qui perce et un passé qui revient

Assise dans son petit bureau près de la baie vitrée, Su Qiao fixait l’écran de son ordinateur, les sourcils froncés, ses doigts tapotant frénétiquement les touches du clavier. Chaque pression résonnait avec une intensité qui tranchait le silence ambiant de l’open space. Les autres employés jetaient des coups d'œil furtifs dans sa direction, visiblement gênés.

— Tu vas casser ton clavier si tu continues comme ça, chuchota sa collègue Wenli, qui partageait le même bureau.

Su Qiao sursauta légèrement et leva enfin les yeux, comme tirée d’un cauchemar éveillé.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Wenli, intriguée. Tu tapes comme si tu voulais enfoncer ton ordinateur dans le sol.

— Rien, répondit Su Qiao, un peu trop vite. Je suis juste… concentrée.

Wenli plissa les yeux et se pencha légèrement vers elle.

— Toute l’équipe est en train de se demander si tu es en train d’écrire un roman de vengeance, Qiao. Tu tapais si fort qu’on aurait dit que tu voulais t’en prendre à l’ordinateur lui-même…

Su Qiao rougit, baissant les yeux, embarrassée.

— Désolée, souffla-t-elle.

Wenli haussa les épaules et reprit son travail, mais quelques minutes plus tard, elle se pencha à nouveau vers Su Qiao avec un air mi-amusé, mi-curieux.

— Dis, c’est moi ou le PDG te fixe depuis tout à l’heure ?

Le cœur de Su Qiao fit un bond dans sa poitrine. Elle n’osa pas tourner la tête immédiatement, mais elle sentait bel et bien ce regard insistant, ce poids invisible qui perçait sa nuque.

— Tu me stresses encore plus, murmura-t-elle. Il a un regard… comment dire… Un regard de tueur prêt à commettre un meurtre.

Elle tenta un petit sourire ironique pour détendre l’atmosphère, mais elle était réellement tendue. Le souvenir de la nuit précédente la frappait comme un boomerang : son ivresse, ce baiser volé, le vomi sur sa chemise luxueuse… Et ce visage. Ce visage qu’elle n’avait pas oublié. Lin Zeyan.

Elle voulut secouer la tête pour en chasser les pensées, mais à cet instant, son téléphone vibra. Elle baissa les yeux. Un message.

[Ex-petit ami : Qiao, je suis désolé… J’ai été un idiot. Je t’aime encore.]

Son estomac se tordit. Elle sentit une bouffée de dégoût monter en elle.

Va te faire voir, pensa-t-elle en silence, ses lèvres formant à peine un rictus méprisant. Elle appuya sans hésitation sur bloquer ce contact.

Sans un mot, elle reposa son téléphone, prit une grande inspiration, et tenta de se replonger dans ses croquis. Mais lorsqu’elle releva la tête, ses yeux croisèrent ceux de Lin Zeyan, toujours planté à l’autre bout de la salle, droit comme un piquet, l’air impassible.

Il va me virer, c’est sûr, pensa-t-elle, crispée. Elle tenta un sourire gêné, aussi naturel qu’un robot essayant d’être mignon. Lin Zeyan ne réagit pas. Il leva simplement une télécommande et appuya sur un bouton. Le rideau noir automatique se referma, les cachant désormais l’un de l’autre.

— Espèce de gros naze, grogna-t-elle à voix basse, les joues rouges.

La journée passa lentement, comme un mauvais rêve sans fin. Lorsqu’enfin l’horloge sonna la fin de la journée, ses collègues commencèrent à se lever.

— À demain, Su Qiao !

— Repose-toi bien !

Elle hocha la tête et répondit poliment à chacun, récupéra ses croquis, son sac, et se hâta de sortir. Elle avait besoin d’air. De distance. De silence.

Mais à peine eut-elle quitté le bâtiment qu’une voix la stoppa.

— Qiao !

Elle se figea. Son cœur s’arrêta presque. Elle se retourna lentement… et le vit.

Lui. L’ex. L’infidèle.

— Laisse-moi t’expliquer, Qiao. J’ai été idiot, je sais. Mais je t’aime. Je ne recommencerai plus jamais. Pardonne-moi…

Elle recula d’un pas, son regard dur comme de la pierre.

— Laisse-moi tranquille, ou j’appelle la police.

— Qiao, écoute-moi, supplia-t-il, avançant vers elle.

Lorsqu’elle tourna les talons pour partir, il l’attrapa brutalement par le poignet.

— Tu vas m’écouter, maintenant ! cria-t-il.

— Lâche-moi ! hurla-t-elle. Tu me fais mal !

Elle se débattit, tentant de retirer son poignet, mais il serrait plus fort.

— Tout est de ta faute ! cria-t-il. Tu fais ta sainte nitouche, mais tu m’as rendu fou !

D’un geste brutal, il la plaqua contre le mur à côté du bâtiment. Elle paniqua, sentit les larmes monter à ses yeux.

— À l’aide ! hurla-t-elle. Quelqu’un !

— T’es qu’une égoïste, Qiao ! cria-t-il. Tu crois que t’es mieux que les autres ? Tu veux jouer la pure, hein ?!

Il commença à tirer sur son manteau, son regard fou. Elle se débattait, en pleurs.

— T’es qu’un sale naze ! cria-t-elle. T’as un petit légume et zéro honneur !

Il leva la main, prêt à la gifler.

— VA TE—

Mais sa main fut arrêtée en plein vol.

Une main puissante l’avait saisie. L’ex tourna la tête, furieux.

— Qui— ?!

Lin Zeyan le repoussa sans un mot. Son regard était noir, sa mâchoire contractée.

— Touchez-la encore une fois, et je vous brise le bras, dit-il d’une voix glaciale.

L’ex recula, pris de panique, puis détala sans demander son reste.

Su Qiao, en larmes, s’écroula au sol. Elle tremblait, son cœur battait à tout rompre.

Lin Zeyan resta là, silencieux, puis tendit lentement la main vers elle.

— Levez-vous. Vous êtes en sécurité, maintenant.

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Chapitre 3 – Le jeu du chat et de la souris

Depuis ce jour où il l’avait sauvée de son ex petit ami, Su Qiao n’avait qu’une envie : l’éviter. Pas parce qu’il l’avait mise mal à l’aise, mais parce que sa présence déclenchait en elle une tempête de pensées qu’elle ne voulait pas affronter.

Elle arrivait tôt le matin, repartait dès que l’horloge atteignait l’heure de fin. Elle se débrouillait pour prendre l’ascenseur avant que Lin Zeyan n’arrive à l’étage. Elle passait par les couloirs les plus longs juste pour ne pas croiser son bureau.

Mais malgré tous ses efforts… il était là. Toujours là.

— Bonjour, Assistante Designer Su, lança-t-il d’un ton neutre en passant à côté d’elle dans l’open-space, ce matin-là, un café à la main.

— Bonjour, PDG Lin, répondit-elle, la voix serrée.

Il s’arrêta net et se tourna vers elle avec un sourire.

— Vous m’évitez ? demanda-t-il simplement, presque amusé.

— Pas du tout, répondit-elle trop vite.

Il arqua un sourcil. Un petit silence s’installa, puis il reprit :

— Alors pourquoi vous êtes partie à l’autre bout de l’étage quand je suis entré tout à l’heure ?

— J’allais chercher… des échantillons, bredouilla-t-elle.

— Ah. Et quand vous avez laissé vos documents dans l’ascenseur hier ? Une fuite rapide, aussi ?

— J’étais pressée, PDG Lin.

— Très bien, dit-il avec un sourire léger. Je veillerai à ce que vous n’ayez plus besoin de courir.

Et il partit, laissant Su Qiao avec un frisson dans le dos.

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Les jours suivants, son attitude devint plus déroutante encore. Chaque fois qu’elle tentait de rester discrète, il la mettait en lumière.

— Qiao Qiao, pouvez-vous venir me montrer vos croquis ? demandait-il à haute voix lors d’une réunion d’équipe.

Tous les regards se tournaient vers elle. Elle se figeait. Pourquoi utilisait-il ce surnom devant tout le monde ?!

— PDG Lin, murmura-t-elle en s’approchant, les joues rouges.

— Vous êtes gênée ? Pourtant, c’est vous qui m’avez appelé “Zeyan” au bar ce soir-là, non ? chuchota-t-il avec un regard malicieux.

Elle le foudroya du regard, et il étouffa un rire.

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Un après-midi, alors qu’elle sortait des toilettes, elle s’immobilisa en entendant sa voix dans le couloir.

— …elle est brillante, mais elle m’évite comme la peste, disait-il à l’un des responsables de département.

— Vous parlez de Su Qiao ? demanda l’autre, surpris.

— Bien sûr. J’aime bien la taquiner. Ça rend ses réactions intéressantes.

Elle serra les poings et recula, s’éloignant avant qu’ils ne la voient. Il aimait la taquiner ? Quelle immaturité ! C’était un PDG, pas un lycéen amoureux.

Et pourtant… son cœur battait plus vite.

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Le soir, alors qu’elle était la dernière dans la salle de création, il entra sans frapper.

— Vous travaillez encore ? demanda-t-il.

Elle se redressa d’un bond.

— Je terminais juste quelques ajustements. Je m’en vais.

— Vous partez toujours dès que je rentre dans une pièce. Je commence à croire que je vous fais peur.

— Ce n’est pas ça… je ne veux simplement pas déranger.

— Et si c’était moi qui voulais être dérangé par vous ?

Elle le fixa, abasourdie.

— Vous… vous le faites exprès ?

Il s’approcha, lentement, les mains dans les poches, son regard planté dans le sien.

— Peut-être. Vous êtes drôle quand vous essayez d’être distante. Et vous avez l’air encore plus jolie quand vous êtes agacée.

— PDG Lin, je pense que vous dépassez les limites du cadre professionnel, dit-elle avec une voix ferme mais tremblante.

Il haussa les épaules, un sourire au coin des lèvres.

— Vous avez raison. Je vais essayer d’être sage… demain.

Puis il fit demi-tour et disparut comme une brise légère. Elle resta là, le cœur en vrac.

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Le lendemain, elle trouva une boîte de pâtisseries artisanales sur son bureau avec une note :

« Pour m’excuser de mon comportement d’hier. Mais je doute que ça suffise. — Z »

Elle secoua la tête, les lèvres pincées.

— Il se croit où, dans un drama ? marmonna-t-elle en cachant la boîte dans son tiroir.

Mais elle y goûta quand même.

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Ce jeu du chat et de la souris dura des jours. Parfois, elle sentait son regard sur elle quand elle ne le regardait pas. D’autres fois, elle entendait son rire bref dans une réunion après une de ses réponses trop sèches. Elle voulait rester neutre, professionnelle… mais il sapait ses défenses, lentement, jour après jour.

Et le plus insupportable… c’est qu’il semblait sincèrement s’amuser. Pas par méchanceté, mais comme si elle était une énigme plaisante à résoudre.

Un soir, alors qu’elle marchait vers la sortie, il apparut à ses côtés.

— Je vous raccompagne.

— Je prends le bus.

— Alors je prends le bus avec vous.

— Vous plaisantez ?

— Jamais.

Et il le fit. Il monta dans le bus, s’assit à côté d’elle, écouta sa playlist dans un silence curieux. Lorsqu’elle descendit, il descendit aussi, puis appela un chauffeur privé.

— Bonne soirée, Qiao Qiao.

Elle leva les yeux au ciel.

— Vous êtes fou.

— Un peu. Bonne nuit.

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Elle monta chez elle, le cœur agité. Ce n’était pas de la peur, ni même vraiment de la gêne. C’était de la confusion. Pourquoi cet homme, cet homme qui pouvait avoir tout ce qu’il voulait, s’acharnait-il à vouloir son attention ?

Et surtout… pourquoi elle commençait à l’attendre ?

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