T'es sérieux, Ron ? Tu as mis en cloque une putain d'autre femme !
Ils étaient dans un café, une de leurs nombreuses habitudes : prendre le petit déjeuner au café Open&Close. Oui, un nom bizarre pour un café. Très original, comme le propriétaire d’ailleurs.
- Et tu oses me balancer ça, comme ça ! Va chier. Juste… va te faire foutre !
Le fameux Ron ne disait rien pendant que l’autre homme, plus petit que lui, lui hurlait dessus, complètement hors de lui. Il faisait les cent pas, bousculant l’air avec des gestes frénétiques. Ses yeux, tellement grands qu’on aurait dit deux billes de verre, brillaient d'une rage palpable. On aurait dit qu'ils lançaient des éclairs prêts à frapper tout autour de lui. Chaque fois qu'il ouvrait la bouche, c'était pour balancer des insultes à la volée comme s'il avait une mitraillette vocale qui tirait à blanc.
- C'était juste une fois ! avait enfin plaidé Ron pour sa défense. Un accident en plus.
- Juste une fois ? cria encore plus fort le plus petit. Un accident ? Alors tu es en train de me dire que tu as baissé ton pantalon, enlevé ton caleçon et enfoncé ta bite dans le putain de vagin de cette femme par accident ?
Les clients présents dans le café sortaient tour à tour ; c'était gênant de voir deux hommes adultes se disputer. Enfin, “dispute” était un trop grand mot : les disputes se faisaient à deux, pas à sens unique comme là où seul le plus petit des deux criait et balançait des insultes.
Son souffle était court et saccadé, presque comme un animal blessé qui se débat dans un coin. Il prenait des inspirations profondes entre chaque cri, tentant apparemment de se calmer mais cela ne faisait qu'empirer son agitation. Il trottinait de long en large devant la table comme un tigre en cage, trop impatient pour rester immobile une seconde. Les veines sur ses tempes étaient si gonflées qu’on aurait cru qu'elles allaient exploser.
Pendant ce temps-là, Ron restait là impassible comme une statue, la tête baissée. Plus Lenny pétait les plombs plus il se faisait tout petit. Il savait que son petit ami avait raison mais Dieu seul savait qu’il n'avait pas voulu que cette femme tombe enceinte. C’était une erreur même s'il n’avait aucune excuse valable à donner ; il aurait pu dire qu'il était ivre mais Lenny savait parfaitement que Ron ne buvait pas. Ou défoncé... Mais avec son asthme chronique, cette excuse non plus n’était pas valide.
Le petit homme continuait donc de hurler sans relâche quand soudain une femme vint leur parler :
- Lenny !?
- Quoi ?
À ce moment-là, on pouvait presque sentir la fureur vibrer dans l’air – c’était l’ambiance parfaite pour une vraie explosion. Le dénommé Lenny se retourna et aperçut sa sœur.
- Qu'est-ce que tu veux Éliane ? Tu ne vois pas que ce n'est pas le moment ? s'écria-t-il à sa sœur alors qu’elle l’observait avec un mélange d'inquiétude et aussi un soupçon de colère. Et ne me dis pas de me calmer !
- Oh que si je vais te dire de te calmer ! Si vous voulez vous engueuler ou vous entre-tuer faites-le dehors ! hurla-t-elle cette fois-ci.
Éliane était la sœur de Lenny ; sa petite sœur pour être exact. Elle avait trente-sept ans tandis que lui en avait trente-neuf. Éliane gérait le café avec passion ; elle était mère de deux filles et d'un petit garçon.
Elle avait assisté à toute la dispute depuis le comptoir sans intervenir jusqu'à présent car elle savait qu’elle aurait été bien pire sur les nerfs si elle était à la place de son frère mais voyant ses clients sortir un par un du café — surtout ses habitués qui avaient pris l'habitude d'y passer des minutes voire des heures pour travailler ou étudier — ainsi que plusieurs enfants présents... Des enfants, bon dieu !
- Allez ! Dehors ! Et toi Ron ne remets plus jamais les pieds dans mon café ! s’écria Éliane envers ce qu’elle espérait sincèrement être son ex-beau-frère désormais : le con qui avait osé tromper son grand frère, avec une femme en plus de ça.
- T’as aucun droit de me dire ça Éliane, cet endroit n’est même pas à toi. Balança Ron à sa belle-sœur. Ils ne s'étaient jamais très bien entendus tous les deux.
Ce n'était pas seulement à cause du caractère ou du comportement de Ron envers Lenny – ou d’Éliane elle-même – qu'Éliane détestait Ron. Elle savait bien que Ron aimait Lenny. Ils étaient ensemble depuis seize ans, seize longues années où il avait caché l’existence de Lenny à sa famille. Il n’avait pas honte de se montrer en public ; tout le monde dans leur quartier et leurs amis savaient qu'ils étaient ensemble, mais seul Lenny avait eu les couilles d'annoncer leur relation à sa famille. Ron avait peur d'être rejeté par les siens comme Lenny l'avait été après son coming out : il avait tout perdu alors que Ron, lui, n'avait rien subi.
Puis Éliane était jalouse. Elle et son frère étaient comme deux doigts de la main, inséparables ; mais depuis l'arrivée de Ron dans leur vie, il était devenu difficile pour eux d’avoir du temps ensemble.
- Comment oses-tu parler ainsi à ma sœur ? C'est mon café et je lui ai donné le droit d’en faire ce qu'elle veut. Alors si elle t’interdit d’y revenir, c’est comme ça ! lui balança Lenny avant de sortir en trombe du café ; suivi immédiatement par Ron.
Les deux hommes avaient un appartement pas très loin du café, juste à quelques rues de là. Il appartenait à Lenny ; c'était un héritage qu'il avait reçu de son grand-père. Alors Ron savait pertinemment que Lenny se serait réfugié là-bas après leur petite dispute.
Il n'avait même pas besoin de frapper à la porte puisque c'était aussi chez lui ; il avait la clé. Il glissa la clé dans la serrure et ouvrit la porte : Lenny était là, assis sur leur canapé, la tête entre les mains.
Ron se sentit coupable en voyant l’état dans lequel il se trouvait. Il s’approcha de son petit ami mais celui-ci ne daigna même pas lever les yeux et leva seulement une main pour lui signifier de ne pas s’approcher davantage.
- Chéri, je... commença Ron en essayant d’expliquer la situation.
- Ne m’appelle pas Chéri, dit Lenny d’une voix cassée qui trahissait ses pleurs. Tu as perdu ce droit. Termina-t-il en sanglotant.
- Bébé, je suis désolé... Je suis tellement désolé..., répétait Ron encore et encore tandis qu’il s’accroupissait devant lui malgré l’interdiction explicite faite par Lenny.
Lenny était furieux ; non plutôt existait une colère énorme au fond qui masquait une tristesse écrasante. Son amoureux – son premier amour – qu’il ait toujours aimé pendant plus de seize ans venait tout juste de le trahir. Il n’aurait jamais pu imaginer que Ron serait capable d’une telle chose.
- C’est qui ? demanda-t-il enfin après plusieurs minutes où seuls ses sanglots brisaient le silence ambiant. Qui est cette pute que tu as mise enceinte ?
Ron n'était pas sûr de vouloir répondre à ça : ça ne servirait strictement à rien pour Lenny d’apprendre l’identité de cette fille ; cela allait juste ajouter plus au chagrin déjà présent dans ses yeux éteints – car il savait pertinemment qui c'était.
- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, lui confia-t-il..
- Dis-moi qui c’est ! exigea Lenny entre ses dents serrées
- C'est... Ron hésita. On l'a fait qu'une fois, se justifia-t-il pour la mille et enieme fois. Juste une fois, mon cœur.
- Juste... réponds à la putain de question, lui intima Lenny, cette fois d'une voix lasse et fatiguée.
Ron prit une profonde inspiration avant d’avouer :
- Veronica…
Lenny n'était pas sûr de comprendre. Quand Ron avait dit "Veronica", le visage d'une personne en particulier lui était venu en tête. Mais il devait se tromper, ça ne pouvait pas être elle.Il releva la tête pour voir le regard de son petit ami. Et Ron, comme toujours, semblait pouvoir lire dans ses pensées.
- C'est elle, confirma-t-il le doute de Lenny.
Il n'avait pas pu faire ça ? Veronica ? C'était encore qu'une enfant ; et puis... elle était... Et comme pour réfuter tout ce que Lenny se disait dans sa tête, Ron ajouta une fois de plus :
- C'est ta cousine, Veronica.
Le traître ! Comment avait-il pu ? Même un animal n’aurait pas agi de la sorte. Tromper son compagnon depuis plus de seize ans avec une autre personne ! Lenny aurait pu comprendre si Ron s'était laissé séduire par un homme : après tout, ils étaient tous deux homosexuels, mais il n’avait jamais été mentionné que Ron était entièrement bisexuel. Sinon, il ne se serait probablement pas engagé à son côté. Ses règles étaient claire : ne jamais s'engager avec un homme déjà en couple, un bisexuel, les partenaires des amis ou surtout un hétérosexuel. Mais là, il avait osé franchir toutes les limites en s'impliquant avec avec une fille, une gamine de tout juste dix-neuf ans, qui de surcroît était la cousine de son compagnon. Franchement, un tel comportement relevait de l'audace !
Il n'y a, semble-t-il, aucune limite à la duplicité humaine. Ron était tombé si bas qu'on aurait pu croire qu'il était en quête d'un prix Nobel d’infidélité. À la rigueur, si son infidélité n'avait été qu'un coup d’un soir avec une inconnue, cela aurait été presque acceptable. Mais là, c’était familial, comme un remake abominable de ces comédies romantiques insipides où tout part en vrille. Mais au lieu de rire, on ne peut que pleurer, tant la situation est humiliante et pathétique.
Pourquoi elle ? Pourquoi pas quelqu'un d'autre ? Lenny était conscient que sa pensée était à la fois irrationnelle et terriblement lâche, mais il ne pouvait s'empêcher d'imaginer que si Ron l'avait trompé avec quelqu'un d'autre que Veronica, il aurait peut-être pu trouver en lui la force de le pardonner. Non, en réalité, il aurait fini par le pardonner. Car, après tout, il avait toujours eu cette tendance à lui accorder son pardon, même dans les situations les plus douloureuses.
— Depuis combien de temps cela dure-t-il ? s’enquit Lenny, défiant Ron du regard. Et n'ose même pas me mentir.
Évidemment que Ron avait menti; Lenny le savait pertinemment. Ron était de ceux qui éprouvaient des difficultés avec le contact physique ; il peinait à s’ouvrir à quelqu’un avec qui il n’avait pas partagé une intimité considérable. Pour leur part, il leur avait fallu près de dix huit mois et sept rapports sexuels pour que Ron trouve le courage de s'ouvrir véritablement à Lenny.
— Je sais que vous avez couché ensemble plus d'une fois pour qu'elle tombe enceinte.
— Tu as raison.
Évidemment qu’il avait raison ! Lenny avait toujours raison. Intelligent et perspicace, il s’était souvent dit qu’il connaissait Ron mieux que celui-ci ne se connaissait lui-même. Pourtant, force était de constater qu’il s'était lourdement trompé : trompé parce que s'il était si avisé que cela, il aurait dû déceler cette trahison avant qu’il ne soit trop tard.
- Nous avons commencé à fréquenter l'un l'autre... Commencé à dire Ron avant de s'interrompre un instant, prenant une profonde inspiration avant de fixer le plafond de leur appartement comme s'il cherchait du courage.
Jamais il n'aurait imaginé être découvert. Il avait déjà pensé mettre fin à sa liaison secrète avec Veronica, mais il n'avait jamais anticipé qu'elle tomberait enceinte. Pourtant, il avait fait preuve d'une grande prudence.
- Es-tu sûr que tu veux connaître la vérité ? continua-t-il, agissant comme si Lenny n'était pas prêt à affronter la réalité. Ce qui était en partie vrai. Mais en vérité, Ron craignait que Lenny ne puisse pas lui pardonner cette fois-ci s'il venait à connaître toute l'histoire.
- Je t'aurais dit d'arrêter si ça n'avait pas été le cas, répondit simplement Lenny. Continue donc, mon amour! ajouta-t-il ironiquement en insistant sur le mot "amour".
- Je disais donc que Véro et moi...
- Véro, hein ? s’indigna Lenny en interrompant Ron dans son élan. Donc maintenant vous vous appelez par des petits surnoms affectueux.
Ron passa sa main sur son visage, comme pour effacer tous ses soucis. Bien sûr, cela ne fonctionnerait pas. Il était coincé jusqu'au coup dans sa propre merde parce qu'il n'avait pas su garder sa bite dans son pantalon.
- De-deux ans! balbutia-t-il enfin presque inaudiblement, mais évidemment Lenny l'entendit.
Deux ans ? De quoi parlait-il ? Comment était-ce possible ? Cela ne pouvait pas être vrai ! C'était un horrible cauchemar ! Peut-être que Lenny ne connaissait pas son homme aussi bien qu'il le pensait, mais il ne pouvait pas s'être autant trompé.
Dans un accès de colère, Lenny poussa Ron et se leva du canapé. Fidèle à lui-même, il commença à faire les cent pas devant son amant tout en massant sa tempe dans une tentative désespérée de calmer l’éruption volcanique qui menaçait au fond de lui.
Ron se releva et s'assit à son tour sur le canapé où Lenny se tenait auparavant.
- Alors... commença Lenny, se tenant désormais près de la fenêtre, ses mains massant toujours ses tempes. Tu es en train de me dire que tu as couché avec Vicki pendant deux longues années ? Tu te rends compte que ça représente 730 jours, 24 mois, 17 520 heures et 63 072 000 secondes ?
Lenny était comme un océan prêt à déferler ou une lave sur le point d'éclater. Pourtant, il était calme, sa voix monotone ne laissant rien transparaître de sa douleur et de sa colère.
Ron esquissa un rictus amer. Lenny n'avait pas changé ; seize ans de relation n’avaient pas altéré ce qu’il était. Ce jeune homme talentueux et magnifique dont Ron était tombé follement amoureux . Qu'il aimait toujours. Dieu, qu'il l'aimait. Oui, il l'avait trompé, mais jamais Ron n'avait cessé d'aimer son petit bout d'homme. Il l'aimait, et Lenny, le connaissant si bien, devait le savoir. Et tout comme Lenny le connaissait sur le bout des doigts, Ron le connaissait aussi très bien. Il lisait en lui comme dans un livre ouvert. C'est vrai que cette fois-ci, il allait avoir du mal, mais Lenny finissait toujours par le pardonner, et cette fois ne serait sûrement pas une exception. Il l'aimait. Ils s'aimaient. Et personne ne pourrait jamais les séparer. Il était déterminé à conquérir encore une fois son homme. Et cette fois, il ne le tromperait plus ; surtout, il allait enfin parler de lui à sa famille. Lenny le méritait bien !
Mais les paroles de Lenny le tirèrent brutalement hors de ses pensées rêveuses.
- Faisons une pose !
Ron peina à croire ce qu’il venait d’entendre : une pause ? Impossible ! Lenny ne pouvait pas leur faire ça ! Les pauses, c'est pour les couples qui ne s'aiment plus mais qui n'osent pas se l'avouer. Or, Ron et Lenny s'aimaient à la folie.
- Je suis sérieux, prends tes affaires et quitte l'appartement, ordonna Lenny.
— Et si je refuse ?
— Dans ce cas-là... c'est moi qui partirai, conclut-il froidement.
Lenny n’avait pas mis les pieds dehors depuis plus d’une semaine, et cette situation n’inquiétait pas seulement sa sœur, Éliane, mais la rongeait. Elle venait lui rendre visite de temps à autre, lui apportant des repas faits maison et remplissant un réfrigérateur qui devenait rapidement désespérément vide. La situation était bouleversante, mais au moins, Lenny continuait à manger. Tout ce qu'Éliane lui apportait, il le dévorait sans sourciller, comme si c'était une bouée de sauvetage dans sa dérive émotionnelle. Ce n'était pas le genre d'homme à se laisser aller à la privation ; il avait toujours eu un bon appétit, une caractéristique que sa sœur connaissait bien. Pour Lenny, la nourriture était plus qu’un simple moyen de subsistance : c’était un réconfort tangible, une manière de retrouver un semblant de normalité au milieu du chaos qui l'entourait.
Pourtant, ce qui inquiétait le plus Éliane, c'était qu'après le départ de son beau-frère, Lenny semblait se résigner à une vie de routine morne, se confinant entre le lit et le canapé. Elle n'était même pas certaine qu'il prenne le temps de se laver. L’homme n'était plus que l'ombre de lui-même.
Les jours qui passaient ne faisaient qu'accentuer cette impression de désespoir. Chaque visite d'Éliane la laissait avec un goût amer, un mélange de compassion et d'impuissance face à la déliquescence de son frère. Elle le trouvait là, affalé sur son canapé, avec des cernes sous les yeux qui témoignaient d'un sommeil agité, ou peut-être même d'une absence totale de sommeil. Le regard éteint, il semblait perdu dans ses pensées, comme s'il avait pris la décision inconsciente de se couper du monde.
Éliane se sentait tiraillée entre l'envie de le secouer et celle de lui laisser l'espace de guérir à son rythme. Mais comment rester sans rien faire alors que son frère s'enfonçait lentement dans ce gouffre ?
Deux semaines plus tôt, si l’on avait dit à Lenny et à son imbécile de partenaire que leur relation allait se fissurer de la sorte, ils n'auraient jamais pu y croire. Enfin, Lenny n'y aurait jamais pu croire. Cela semblait être un mensonge tant ils paraissaient heureux à ce moment-là. Mais Ron avait tout gâché.
L’homme avait refusé de quitter leur appartement lorsque Lenny lui avait demandé de partir. Il lui avait promis qu'il ne trahirait plus ses sentiments, qu'il serait fidèle... mais rien de tout cela n’avait trouvé écho dans le cœur de Lenny. Ce dernier ne lui répondait même plus, car le son de sa voix lui était devenu insupportable. Il avait appris à détester ce qu'il avait autrefois aimé et ne pouvait s'empêcher de ressentir un profond dégoût pour celui qui avait trahi leur amour, c'est-à-dire Ron.
Pendant trois jours, l’atmosphère était glaciale. Lenny ne prononçait pas un mot, s'enfermant dans un silence pesant. Ron, de son côté, se débattait avec sa culpabilité, tentant de se racheter à travers des gestes qu'il savait futiles. Il cuisinait pour Lenny, mais les plats restaient intacts, négligés sur la table. Lenny ne touchait pas à sa nourriture, refusant même de croiser son regard. Chaque jour, Ron sentait son cœur se briser un peu plus.
Le troisième jour, l’angoisse atteignit son paroxysme. Ron se sentait pris au piège, rongé par le remords. Il réalisa que si c’était cela qu'il fallait faire pour sauver ce qui restait de leur relation—une pause, comme Lenny l’avait suggéré—alors il était prêt à l’accepter. Alors ce matin-là, le cœur lourd, il décida de partir, espérant que ce temps loin de Lenny pourrait, quelque part, leur redonner une chance.
Lenny entendit Ron l'appeler une dernière fois, la voix faible emprisonnée derrière la porte de leur chambre. Recroquevillé sur son lit, il aurait voulu le retenir lorsqu’il avait annoncé son départ, mais quelque chose l'en empêcha : il resta alors figé, incapable de faire le moindre geste. Puis, un mouvement attira son regard : une lettre glissée sous la porte. Il hésita un instant avant d’aller ouvrir ; et alors que le bruit de la porte principale claquait dans son dos, il réalisa soudain que Ron était...
Lenny se leva d'un coup et sortit en trombe, scrutant chaque recoin dans l'espoir de croiser Ron une dernière fois, mais ne trouva que le silence. L'appartement était vide. Son cœur se serra à cette pensée : Ron était parti, son homme était vraiment parti. Tel un naufragé perdu sur une île déserte, il s'effondra au sol, et les larmes jaillirent de ses yeux. Éliane, sa sœur, entra dans la maison à ce moment-là et assista impuissante à cette scène déchirante.
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