Attention !
ŒUVRE SOUS PROTECTION DE DROIT D'AUTEUR
copyright©
Ishany Daniels se tenait au-dessus d’une gare silencieuse, le pistolet tremblant légèrement dans ses mains. Le métal froid lui brûlait presque la paume. Face à elle, Philippe. L’homme qui avait détruit sa vie. L’homme qui avait volé sa dignité.
— Dis tes adieux, Phil. Et saute, murmura-t-elle d’une voix glaciale, ses yeux consumés par la rage.
Phil déglutit, les yeux fuyants, son corps vacillant au bord du vide.
— Non… t’as qu’à me pousser, rétorqua-t-il, la peur vibrant dans sa voix.
Un sourire amer étira les lèvres d’Ishany. Maline, calculatrice.
— Pourquoi je ferais ça ? Pour laisser mes empreintes sur ton corps ? Tu peux toujours rêver.
Sans prévenir, elle tira sur le côté. La détonation claqua dans la nuit comme un éclair furieux. Phil sursauta, perdit l’équilibre. Son corps vacilla, ses bras battirent l’air inutilement, puis il bascula dans le vide. Le crâne heurta violemment les rails dans un bruit sourd. Le silence revint, plus lourd que jamais.
Ishany laissa un sourire naître sur son visage. Un sourire amer, presque satisfait. Elle tourna les talons et s’éloigna d’un pas léger. L’homme qui lui avait volé son innocence venait de payer le prix.
⸻
Ishany se réveilla en sursaut, le souffle court. La sueur perlait sur son front. Son cœur battait à tout rompre.
— Ouf… souffla-t-elle. Ce n’était qu’un cauchemar.
Ses yeux dérivèrent vers le plafond. Pourquoi ces rêves revenaient-ils encore ? Ce visage… cette chute… comme une boucle infernale qui refusait de se briser.
Ishany avait 24 ans. Étudiante en médecine. Ses parents adoptifs, Sam et Danielle Daniels, l’avaient recueillie alors qu’elle n’était qu’un bébé. Une petite fille sans histoire devenue leur princesse.
Les Daniels étaient blancs comme neige, tandis qu’Ishany portait sur sa peau la chaleur dorée des latitudes lointaines. Ses traits rappelant parfois ceux des latinas faisaient souvent sourire ceux qui la croisaient.
« Tu devrais t’appeler Karolina Ramirez ou Gracia Santiago », plaisantaient ses amies, les jumelles Jordan et Iris Jeffrey. Et chaque fois, Ishany riait avec elles. Elle ne s’en vexait jamais. Après tout, c’était devenu un jeu entre elles.
Elle entra dans sa salle de bain et s’observa longuement dans le miroir. Ses grands yeux marron clair brillaient sous la lumière froide. Ses longs cheveux noirs cascadaient sur ses épaules comme un voile de soie. Un visage légèrement hâlé, un petit nez fin, des lèvres pulpeuses dessinant un sourire discret. Une beauté exotique.
Elle prit sa douche froide, fidèle à ses habitudes, espérant effacer les dernières traces de son cauchemar. Puis elle descendit les escaliers de leur immense villa. Au rez-de-chaussée, sa mère travaillait déjà.
— Salut m’man !
— Ishany, apprends à dire maman, tu n’es pas une gangster, répondit Danielle en levant à peine les yeux de son ordinateur.
— Salut à toi aussi, pa-pa, lança-t-elle en direction de son père, qui levait les yeux au ciel.
— Tu as bien dormi ? demanda Danielle avec douceur.
— Comme un bébé, mentit Ishany avec un sourire. Pas la peine d’inquiéter sa mère pour un simple rêve. Trop lourde celle-là, pensa-t-elle en silence.
— Arrête de dire “m’man”, insista Sam.
— P’pa, c’est juste une manière de parler, tout le monde dit ça maintenant. Ça ne fait pas de moi une gangster.
— C’est bien ça qui m’inquiète.
— T’inquiète pas, on s’en fout de ton avis, répondit-elle en ricanant.
Mais soudain, ses yeux furent happés par l’écran de télévision.
— Quoi ? Chérie, depuis quand le journal t’intéresse ? demanda Danielle, étonnée de la voir aussi absorbée.
Mais Ishany n’écoutait plus. Son estomac se serra. Les mots du journaliste résonnaient, glaçants :
« Nous sommes sur les lieux du crime. Philippe Joseph a chuté mortellement sur les rails. Tout indique un meurtre déguisé en suicide : une balle a été retrouvée, tirée non pas pour le toucher, mais pour l’effrayer et le faire basculer. Les experts légistes confirment cette thèse… »
Un bourdonnement sourd envahit les oreilles d’Ishany. Les images de son rêve repassaient en boucle comme un mauvais film.
Dis tes adieux, Phil et saute tout de suite…
Non, t’as qu’à me pousser…
Pourquoi je ferais ça ? Pour laisser mes empreintes sur ton corps ?…
— Ishany !… Ishany !…
Les voix de ses parents la ramenèrent brusquement à la réalité. Elle les fixa, les yeux écarquillés, encore secouée.
— Ça va, ma princesse ? insista son père, inquiet.
— Non… enfin si… je dois y aller, lâcha-t-elle précipitamment. Je vous aime !
Elle attrapa ses affaires et fila en courant, claquant la porte derrière elle. Sa voiture démarra en trombe, disparaissant rapidement au coin de la rue.
Sam et Danielle restèrent figés un instant.
— Elle est… commença Sam.
— Bizarre ? Oui, je sais, souffla Danielle.
— Tu crois qu’ils commencent à se manifester en elle ?
— Non ! rétorqua Danielle sèchement. Je ne veux même pas y penser.
— Personne ne peut fuir ce qu’il est vraiment, Dannie.
Il l’embrassa tendrement avant de sortir à son tour.
Danielle serra les poings.
Ce n’est pas possible… pensa-t-elle. Juste un malentendu… rien de plus…
Elle inspira profondément, enfila son manteau, et quitta la maison à son tour.
Veuillez télécharger l'application MangaToon pour plus d'opérations!